J-3 avant les élections législatives anticipées au Sénégal : la campagne, qui doit s'arrêter le 15 novembre, est donc entrée dans sa dernière ligne droite avec des candidats qui cherchent à convaincre les derniers indécis. À Dakar, la coalition de Samm Sa Kaddu organisait le 13 novembre, une nouvelle étape de sa caravane. Étape un peu particulière, puisque dans le département de Dakar, la plus grosse circonscription d'électeurs du pays, une intercoalition de l'opposition a été faite avec Takku Wallu de Macky Sall et Jamm ak Njarin de l'ancien Premier ministre Amadou Ba. Objectif : que chaque parti décroche des sièges là où il est le mieux placé. Reportage.
En plus de la couleur verte omniprésente de Samm Sa Kaddu qui organise la caravane, on distingue par endroit le beige de la coalition Takku Wallu menée par l'ancien président Macky Sall. Aliou Mara, coordinateur de Samm Sa Kaddu, dans la commune de Sicap-Liberté, revendique de mettre les divisions du passé de côté pour créer un front commun contre les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef), le Pastef du président du pays Bassirou Diamaye Faye et de l'actuel Premier ministre Ousmane Sonko. « Cette alliance est une alliance nécessaire, lance Aliou Mara. Toute l'opposition s'est réunie, quand bien même on était d'obédiences différentes, parce que, sinon, notre pays va aller à la dérive ».
Jean est venu soutenir le maire de Dakar et tête de liste, Barthélémy Dias. Il a souvent manifesté contre Macky Sall, président du Sénégal de 2012 à 2024. Mais, avec son vote, il veut surtout sanctionner les huit premiers mois d'Ousmane Sonko au pouvoir : « Sonko nous avait promis, avant les élections, il nous dit : "Il y aura ceci, il y aura ceci, il y aura ceci..." Depuis lors, rien n'est prévu. On lui demande de respecter sa parole et ses ambitions. »
« Le Sénégal a envie que toute l'opposition se réunisse »
Casquette de l'Alliance pour la République (APR) de Macky Sall sur la tête, Zal Diallo se montre pragmatique sur cette alliance : « En matière de politique, on ne peut jamais dire "jamais". Aujourd'hui, je crois que c'est le Sénégal même qui a envie que toute l'opposition se réunisse. On ne cherche pas la majorité pour renverser le gouvernement. Non, on cherche la majorité pour pouvoir apporter notre pierre à l'édifice. »
Dimanche soir, les partis membres de l'intercoalition sauront si le dépassement des clivages qu'ils prônent a séduit les Sénégalais et leur permet de décrocher des sièges à l'Assemblée nationale.
Législatives au Sénégal: comment la campagne de la coalition d'opposition de l'ex-président Macky Sall s'organise en partie à distance Au Sénégal, c'est l'une des particularités de cette campagne pour les législatives anticipées du 17 novembre 2024. L'ex-président Macky Sall a choisi de revenir dans le jeu politique à la tête de l'une des principales coalitions d'opposition, Takku Wallu, mais il fait campagne à distance depuis Marrakech, rappelle notre correspondante à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff.
« Nous sommes tout le temps en contact par téléphone », affirme Abdou Mbow, l'un des cadres du parti de Macky Sall. Même son de cloche chez le coordinateur de la campagne de Takku Wallu, Seydou Gueye, qui parle d'une « présence digitale et vocale importante » de l'ex-président qui, depuis le Maroc, lui parle plusieurs fois par jour et participe à toutes les réunions. Pour ses fidèles, l'absence de la tête de liste nationale ne porte donc pas « préjudice » à leur coalition.
« La stratégie a été adaptée » avec, dans chaque département la tête de liste locale qui fait campagne sur le terrain accompagnée de quelques figures connues au plan national, comme le dernier président de l'Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, par exemple. Il y a le choix aussi de faire du porte-à-porte plutôt que des grands rassemblements et, enfin, de s'associer dans presque tous les départements du pays avec la coalition de l'opposition, Samm Sa Kaddu, emmenée par le maire de Dakar, Barthélémy Dias, une intercoalition qui doit servir à récolter plus de voix.
Reste à savoir pourquoi Macky Sall a choisi de ne pas revenir au Sénégal battre campagne. L'ex-président ne s'en est pas expliqué. « C'est pour ne pas gêner les nouvelles autorités », avance Seydou Gueye. Pour le professeur de sciences politiques Maurice Soundieck Dionne, un retour aussi tôt du président sortant n'a pas été envisagé car il risquait « de créer des tensions » alors que le Sénégal « sort d'une période très difficile en matière de violations des droits et des libertés », selon le professeur.