Au Burkina, aucun élève ne reprend une classe à l'école primaire. Et ce n'est pas un fait nouveau. Ainsi, en a décidé le gouvernement qui, à travers un arrêté ministériel pris en 2019, a interdit le redoublement en première année des sous-cycles de l'enseignement primaire (CP1, CE1, CM1).
Près de cinq ans après, cette mesure est loin de faire l'unanimité au sein du monde éducatif. En effet, des acteurs et pas des moindres, sont récemment montés au créneau contre cette décision, appelant les autorités à la rayer de notre système éducatif. Il s'agit des membres du Syndicat national des professeurs d'écoles (SYNAPEC) qui estiment que l'application de cette mesure conduit irrémédiablement à une baisse du niveau des élèves au primaire.
Et franchement, ils n'ont pas totalement tort. En effet, comment peut-on espérer faire progresser le niveau de nos enfants à l'école dans de telles conditions? Comment les élèves peuvent-ils s'améliorer et devenir meilleurs si on les fait passer systématiquement en classe supérieure avec des lacunes qu'ils traînent? Quel effort supplémentaire un enfant aura-t-il à fournir s'il est sûr de valider son année académique et ce, quelle que soit la performance que ce dernier aura réalisée au cours de l'année scolaire ?
Et je crains fort que cette mesure ne fasse plus de mal que de bien à ces pauvres élèves en qui on développe, progressivement, la culture de la médiocrité qui ne produira que pour fruits, des fidèles partisans du moindre effort.
Les autorités en charge de l'éducation nationale, gagneraient à prêter une oreille attentive à l'appel du Syndicat
Aussi pertinentes que puissent paraître les raisons qui sous-tendent la prise de cette mesure, celle-ci reste, à mes yeux, aussi étonnante qu'incertaine. En tout cas, moi fou, j'ai du mal à cerner la logique qui se dégage de la prise d'une telle décision. En effet, que gagne-t-on à faire passer un élève avec 3/10 de moyenne annuelle, 2,5/10 ou 1,5/10 sachant qu'il lui faut absolument avoir la moyenne de 5/10 pour valider son examen de fin de cycle qui est le Certificat d'études primaires (CEP)? A moins de produire, excusez-moi, des déchets scolaires. L'appel du Syndicat national des professeurs d'écoles (SYNAPEC) à lever l'interdiction du redoublement à l'école primaire, est donc un acte compréhensible.
En effet, loin d'être un simple appel, c'est un geste qui donne de l'espoir. En tout état de cause, c'est l'avenir de notre système éducatif qui est en jeu. Franchement, sans vouloir être alarmiste, j'ai de sérieuses inquiétudes quand je regarde ce qu'est devenue l'école d'aujourd'hui. Les enfants sont confrontés à une hyper-exposition aux écrans de téléphones avec toutes les conséquences désastreuses que cela entraîne. Les enseignants, eux, sont de plus en plus dépourvus d'autorité.
En effet, du fait de l'interdiction du châtiment corporel à l'école, certains élèves ne craignent plus leurs maîtres qui font aussi face aux plaintes des parents d'élèves et de leurs supérieurs hiérarchiques. En vérité, notre système éducatif va mal. D'où la nécessité de prendre de bonnes décisions pour le sauver.
C'est pour cela que les autorités en charge de l'éducation nationale, gagneraient à prêter une oreille attentive à l'appel du Syndicat national des professeurs d'écoles. Car, comme on le dit, l'école, c'est l'avenir. Mais quel avenir a une école qui n'a pas de niveau?