Ile Maurice: Le feu s'emporte, les moyens partent en fumée...

15 Novembre 2024

C'est en tant que représentante de la Commission de développement durable du Mouvement militant mauricien (MMM) que Joanna Bérenger a effectué une visite à Mare-Chicose, mercredi, accompagnée d'autres membres de l'instance. Le constat est accablant.

Le feu, qui s'est déclaré le 6 novembre, brûle toujours. «Selon les pompiers, avec les moyens actuels, il faudra huit semaines pour en venir à bout. Nous avons un réel problème, car le précédent gouvernement n'a rien fait», fustige-t-elle. À mardi, le feu s'étendait sur 43 400 m², soit 10 % de la superficie du centre d'enfouissement. Actuellement, ils parviennent à éteindre 600 m² par jour. Après la rencontre avec l'entrepreneur, les pompiers et les représentants du ministère de l'Environnement, plusieurs problèmes ont été identifiés.

«Nous travaillons sur ce dossier depuis longtemps ; c'est pourquoi nous avons voulu faire un constat de visu. Il nous fallait comprendre comment le problème du lixiviat et des espaces vides créés par l'extension verticale sont liés aux incendies récurrents. Il nous fallait aussi comprendre comment la situation est gérée et pourquoi cela prend tant de temps», explique-t-elle. Les incendies récurrents trouvent leur origine dans la gestion même des déchets. Joanna Bérenger rappelle qu'un premier incendie s'était déclaré à Mare-Chicose en octobre.

Il y a aussi eu des incendies dans les stations de transfert de Roche- Bois et La Chaumière. «Dans ces stations, la situation est différente. Il y a eu des incendies car les déchets s'entassent alors que cela ne devrait pas être le cas», précise-t-elle. La cause de ces incendies est que les déchets ne sont pas compactés. Il y a donc du méthane qui se dégage et c'est ce gaz qui est à l'origine des flammes.

Le problème de l'extension verticale

Pour l'instant, trois méthodes sont utilisées par les pompiers. La première consiste à tenter d'étouffer le feu avec de la terre. Cependant, avec l'extension verticale, là où cela brûle, les déchets sont à une hauteur de 250 mètres. «Pour le moment, la terre est jetée uniquement du bas, mais les pompiers ont expliqué que cela serait bien plus efficace si cet exercice se faisait d'une certaine hauteur. Ils sont donc en train d'ériger une plateforme. Cela prendra deux à trois jours», explique Joanna Bérenger.

L'autre méthode est l'utilisation d'eau. Encore une fois, l'efficacité est limitée. L'eau est principalement utilisée pour refroidir les machines. Il y a aussi des sprinklers qui ont été installés. «De plus, les jets des pompiers n'atteignent pas la hauteur des 250 mètres de déchets», dit-elle. Les pompiers, ajoute-t-elle, n'ont jamais eu les moyens ni les équipements nécessaires pour combattre ce type de sinistre. Une tranchée a ensuite été créée pour limiter la propagation du feu.

Avec ce feu, le site est inutilisable. Une zone d'urgence a donc été créée à l'entrée de Mare-Chicose pour les déchets qui arrivent, mais ils sont entassés à même le sol, sans protection. «Lorsque j'ai demandé pourquoi il n'y avait pas de lining, on m'a fait comprendre que cela allait prendre trop de temps. Ce n'est pas vrai. La véritable raison est que le précédent gouvernement voulait faire baisser les coûts à tout prix.»

Les solutions

Une des solutions envisagées est le forage de trous de 20 mètres de profondeur afin que l'eau pénètre la montagne de déchets, car c'est de là que le feu se propage. Pour éviter ces problèmes à l'avenir, il faut repenser toute l'organisation de Mare-Chicose. Dans la foulée, elle rappelle que le contrat de Sotravic avait pris fin en 2018 et qu'il a été renouvelé plusieurs fois depuis, mais sans investissements dans les machines appropriées. «Le précédent gouvernement a simplement octroyé les contrats sans penser aux solutions.» Par exemple, il faut une machine pour compacter les déchets. Le méthane s'échappe à cause des déchets non compactés.

L'autre solution, plus simple et qui figurait déjà dans le masterplan de l'Environnement de 2019, est le tri des déchets à la source. La majorité des déchets qui arrivent à Mare-Chicose sont organiques et peuvent être utilisés pour le compostage. «Selon ce plan, cela devait être une solution à court terme, mise en place dans un à deux ans.» Mais encore une fois, le dossier n'a pas avancé et ce n'est qu'en août de cette année que le contrat a été alloué.

La députée affirme aussi que le site doit être équipé de caméras thermiques. Actuellement, il n'y a qu'une caméra manuelle, ce qui oblige à se promener sur le site pour détecter les zones potentiellement inflammables. Avec des caméras thermiques modernes, la détection serait automatique. Par ailleurs, Joanna Bérenger demande également que les analyses sur la qualité de l'air soient rendues publiques afin de confirmer qu'il n'y a pas de gaz toxiques.

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