Afrique: Hommage à Amadou Mahtar Mbow – L'UNESCO magnifie l'œuvre et l'héritage d'un homme intègre

Audrey Azoulay, Directrice Générale de l'UNESCO, lors de la cérémonie en hommage à Amadou Mahtar M'Bow
15 Novembre 2024

Ce jeudi 14 novembre, l’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) a tenu une cérémonie en Hommage à M. Amadou Mahtar M’Bow, ancien Directeur général de l’UNESCO de 1974 à 1987.

Cette cérémonie a rassemblé des personnalités telles que la Directrice générale de l’UNESCO Mme Audrey Azoulay, du Président de la République du Ghana M. Nana Akufo Addo, du Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture du Sénégal, Mme Khady Diène Gaye, du Président du Groupe Afrique, S.E.M. François Nkulikiyimfura, Ambassadeur et Délégué Permanent du Rwanda auprès de l’UNESCO, des membres de sa famille, du Professeur Abdoulaye Bathily et tant d’autres, dans le but de célébrer l’œuvre et l’héritage d’Amadou Mahtar Mbow au sein de l’UNESCO et du continent africain.

A cette occasion, la Directrice Générale de l’UNESCO, Mme Audrey Azoulay, a porté un discours émouvant à son égard. « Je prends la parole ce soir dans cette même salle où s'exprimer pour la première fois comme Directeur Général de l'UNESCO Amadou Matar Mbow, il y a 50 ans jour pour jour, quasiment le 15 novembre 1974 », a-t–elle déclaré.

Selon la Directrice de l’UNESCO, cette élection portait à la tête de cette belle organisation un homme extraordinaire à bien des égards, disparu le 24 septembre dernier après avoir embrassé les grandes causes de son temps dans son pays comme dans le monde à travers l'UNESCO qui était la cause de sa vie.

Dans son allocution, Mme Azoulay a mentionné l’unité de l’UNESCO et du continent africain, une cause importante que supportée le Professeur Amadou Mahtar Mbow. Elle a magnifié le travail, l'œuvre et l'héritage de l’homme à travers des initiatives qu'il a voulu porter en son temps pour l'UNESCO d'abord et c'était très présent dans ses premiers mots.

La question de l'unité de l'UNESCO, maintenue par lui, dans un monde à l'heure fracturée par la guerre froide, les tensions Nord-Sud au moyen d'une méthode unique dans le système onusien, du consensus décisionnel, en est un.

En effet, selon Mme Azoulay, il avait forgé cette unité par un dialogue des mémoires, appuyés sur les sciences, sur l'histoire qui s'incarne dans l'histoire générale de l'Afrique à laquelle il donna une impulsion décisive après que Renée Maheux les initia en 1964.

« Ce chantier titanesque se poursuit encore aujourd'hui, le dixième volume consacré à l'Afrique et à ses diasporas est paru l'année dernière et nous travaillons avec un grand nombre de pays pour l'insérer dans les programmes scolaires », a assuré Mme Azoulay.

Par ailleurs, le Président de la République du Ghana M. Nana Akufo Addo a souligné les contributions d’Amadou Mahtar Mbow au Sénégal, à l'Afrique et à l'UNESCO, en mettant en lumière son engagement en faveur de la justice, de l'éducation et de la fierté culturelle.

De son point de vue, la direction d’Amadou Mahtar Mbow à l'UNESCO s'est concentrée sur l'amplification des voix des pays du Sud et de la promotion du patrimoine africain. « On se souvient de sa vision d'une Afrique unie et autodéterminée, ainsi que de son plaidoyer pour un accès universel à l'éducation et à la connaissance », assure-t-il. Dès lors, il appelle à un engagement continu envers les idéaux du Professeur, exhortant le public à honorer son héritage en promouvant l'égalité, l'appréciation culturelle et l'éducation.

Le Président du Groupe Afrique, S.E.M. François Nkulikiyimfura, Ambassadeur et Délégué Permanent du Rwanda auprès de l’UNESCO, pour sa part, a souligné l’authenticité et le dévouement d’Amadou Mahtar Mbow à la cause panafricaine.

Pour lui, Amadou Mahtar Mbow cristallise aujourd’hui la fierté qu'éprouvent bien au-delà de son pays d'origine les intellectuels africains à l'évocation de son nom.

« Amadou Mahtar Mbow n'a pas seulement été précocement le parrain d'une véritable rupture de paradigme dans la conception et la méthodologie et le contenu de l'enseignement de l'histoire africaine. Il en aura le premier à baliser le chemin avant même que ceux de notre génération consacre la pertinence de cette problématique, aujourd'hui centrale dans la déclinaison des programmes phares de la priorité Afrique », a déclaré l’Ambassadeur et Délégué Permanent du Rwanda auprès de l’UNESCO.

Il ajoute également qu’Amadou Mahtar Mbow a su le premier arpenter un chemin périlleux, « celui de la construction d'un nouvel ordre mondial conjuguant la pluralité et l'unicité, la diversité et la cohésion, l'équité et la représentabilité, en cela l'Afrique doit être fière de la figure morale et intellectuelle qu'il incarne ».

Cette cérémonie a aussi été marquée par les témoignages de sa fille, Mme Awa Mbow Kane, qui a peint un tableau honorable à son défunt père, en allant de sa tendre jeunesse à Louga jusqu’au dernier jour de la vie de l’homme.

« Par ma voix, la famille d’Amadou Mahtar Mbow exprime sa reconnaissance particulière pour le choix symbolique de la date du 14 novembre 2024, marquant le cinquantième anniversaire de son élection à la tête de l'UNESCO, pour rendre hommage à cette figure emblématique qui a marqué de façon indélébile l’histoire de l’institution », a-t-elle déclaré à l’entame de ses propos.

A l’en croire, « son éducation ancrée dans les traditions africaines lui a insufflé sagesse, art de vivre et d'autres savoirs précieux absents des cursus conventionnels ». Selon elle, il a pris part aux travaux agricoles des cultures vivrières et de l’arachide, a appris la teinture des tissus. Il est donc allé à l'école de la vie ; il est aussi allé à celle de l’éducation coranique où il a appris le culte de la rigueur et l’entretien de la mémoire. Engagé dans sa communauté, il a été profondément imprégné de ses valeurs de dialogue et de paix, ajoute-t-elle.

Autant de choses auxquelles il a été forgé. En effet, Mme Awa Mbow Kane a plongé le public dans les souvenirs du Professeur Amadou Mahtar Mbow. Au sortir de « l'adolescence, il était donc armé pour faire face à toutes les vicissitudes qui seraient celles de sa vie, qu’il s'agisse de celle de la guerre de 39-45 dans laquelle il s'engage volontairement, qu'il s'agisse de sa radiation de son poste de professeur parce que lui reprochait-on qu’il n'avait pas voulu empêcher la grève des élèves du lycée où il enseignait , qu'il s'agisse de la bataille politique du Sénégal, qu'il s'agisse de celle qu'il a mené à l'UNESCO entre autres, et enfin de celle menée entre la maladie qui l'emporta . Il n’a jamais failli ! » Assure sa fille.

Un autre témoignage qui a marqué plus d’un à cette cérémonie, celui du Professeur Abdoulaye Bathily, qui a partagé des moments importants de sa vie. Selon lui, « sa vie est une leçon de vie, Amadou Mahtar exemplaire à tout point de vue, a incarné des valeurs, de la capacité dans l'effort d'engagement, de courage à toutes les étapes de sa vie, une longue vie bien remplie », a déclaré M. Bathily.

En effet, M. Bathily affirme que son cursus scolaire fragmenté ne l’a pas empêché d’arriver au niveau le plus élevé grâce à cette ténacité, la passion d'apprendre, la passion de se former. Selon lui, c'est un exemple pour les jeunes générations : l'esprit de solidarité avec l'humain, ses proches, est un trait de caractère qui lui est particulier et cet effort exemplaire qu'il a porté à la tête de l'UNESCO. « Il l'a ainsi démontré tout au long de sa vie, c’est un self-made man issu de milieu modeste, il a réussi à travers l'effort, le courage et la détermination », déclare M. Abdoulaye Bathily.

Cette cérémonie a été clôturée par le discours du Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture du Sénégal, Mme Khady Diène Gaye. « Les morts ne sont pas morts, ils sont dans l'ombre, ils sont dans l'arbre qui frémit, ils sont dans les bois qui gémissent, ils sont dans l'eau qui coule, ils sont dans l'eau qui dort, ils sont dans la case, ils sont dans la foule. Les morts ne sont pas morts. Oui, Amadou Mahtar Mbow, n'est pas mort », a déclaré Mme Khady Diène Gaye.

Ces propos s’expliquent par le fait qu’Amadou Mahtar Mbow est inscrit à jamais dans la postérité et entre définitivement dans l’histoire comme un immortel.

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