Élimination sans gloire. Les Barea ont perdu toute illusion pour la qualification à la phase finale de la CAN 2025 au Maroc après une nouvelle défaite face à la Tunisie (2-3) hier à Pretoria. Une fois de plus les Barea ont encaissé le but de l'élimination dans le temps additionnel alors que la Tunisie était réduite à dix. Et dans la foulée, le coach Romuald Rakotondrabe, alias Rôrô, a remis sa démission avant le dernier match contre les Comores lundi.
Madagascar va donc manquer pour la deuxième fois consécutive la phase finale de la CAN après avoir raté celle de 2023. Rôrô a pris sur lui les résultats négatifs des Barea. Il avait déjà fait pareil quand les Barea n'avaient pas gagné la médaille d'or des Jeux des îles en 2019. Encensé après avoir mené les Barea jusqu'en demi-finales de la Chan 2022, il est jeté aux orties aujourd'hui après les piètres performances de son équipe.
À la tête de toutes les versions des Barea, il avait de lourdes responsabilités sur ses épaules alors qu'on ne lui donnait pas les moyens pour réussir. Selon des sources avisées, Rôrô n'aurait pas perçu son salaire depuis un an. Mais il est resté jusqu'au bout en dépit des critiques parfois gratuites et acerbes. Il aura eu le mérite d'avoir voulu une autre dimension aux Barea en intégrant beaucoup d'expatriés dans l'équipe. Mal lui en prit puisque l'équipe a perdu en identité, jouant sans âme, sans automatisme, sans fond de jeu. Pire, les Barea ne montrent aucune détermination comme ce fut le cas hier où les joueurs n'ont pas su profiter de l'expulsion d'un Tunisien. Au contraire ce sont les Aigles du Carthage qui ont marqué le but de la victoire dans l'ultime minute. On avait l'impression que les Barea menaient au score et jouaient la montre.
Morale de l'histoire, on ne construit pas une équipe comme on reconstitue un puzzle avec des joueurs pris ça et là. Les échecs successifs étaient prévisibles après la belle épopée de 2019 où la plupart des joueurs frôlaient la trentaine et que derrière c'était plutôt le vide. Et au lieu de s'occuper de la base, on s'est plu à rechercher des joueurs binationaux ou « apatrides » un peu partout quel que soit leur niveau. Et voilà, avec une équipe cosmopolite composée de joueurs qui jouent ensemble pour la première fois le jour du match, il est impossible de rêver plus loin qu'un match nul, la défaite était la logique. C'est d'autant plus vrai que Rôrô ne pouvait les réunir que trois jours avant le match selon les règlements de la FIFA. Difficile dans ces conditions de présenter une équipe cohérente et des joueurs ayant le même état d'esprit.
Le problème restera entier avec le prochain coach qui prendra la place de Rôrô. Il faudra sélectionner des joueurs disponibles pour un regroupement plus ou moins long. Si Rôrô avait pu réussir à la CHAN, on se rappelle qu'il avait réuni ses joueurs plusieurs jours avant la compétition et avec les moyens du bord.
Cette élimination amère, alors que ni la Tunisie, ni la Gambie, ni les Comores sont loin d'être une foudre de guerre, aura mis à nué plusieurs faiblesses de gestion, d'organisation et de préparation. Rôrô n'est pas le seul responsable de cette élimination. Quand vous êtes obligé de jouer tous vos matchs à domicile dans un autre pays et à huis-clos, faute de stade homologué, vous commencez le match avec 50% de chance de le perdre. Pas de salaire, pas de stade, pas de regroupement, pas de spectateurs et évidemment pas de victoire.