Au Soudan, Amnesty International dénonce l'utilisation d'équipements militaires français dans le conflit au Soudan. Selon l'organisation, il s'agit de matériel d'autoprotection fabriqué par deux sociétés françaises, Lacroix Défense et KNDS. Le matériel est exporté aux Émirats arabes unis, puis monté sur des blindés pour être utilisés par les paramilitaires dans leur guerre contre l'armée soudanaise, ce qui est en violation des embargos de l'Union européenne et de l'ONU sur les armes.
Selon Amnesty, des véhicules de transport de troupes Nimr Ajban, fabriqués aux Émirats arabes unis par le groupe national Edge, sont utilisés par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo « au Soudan, et vraisemblablement au Darfour ».
Ces blindés sont équipés du système d'autoprotection Galix, conçus par KNDS-France et Lacroix, selon des images de véhicules détruits diffusés par Amnesty. « C'est un système qui est intégré sur des armements terrestres, de véhicules blindés, qui permet de dissimuler le véhicule à des adversaires, de tirer des projectiles contre des adversaires qui se rapprocheraient trop du véhicule. Le souci est que les Émiratis ont réexporté du matériel de guerre français au Soudan, précise Aymeric Elliun, responsable plaidoyer à Amnesty International. Seulement la France, quand elle exporte des armes et du matériel de guerre, impose ce qu'on appelle un "certificat d'utilisateur final" et de non-réexportation. C'est-à-dire qu'elle impose à son client l'interdiction de réexporter le matériel qu'elle lui exporte. Ou, si elle le lui autorise, l'entreprise doit demander l'autorisation de réexporter le matériel ».
Embargos de l'Union européenne et de l'ONU
Le Soudan fait l'objet d'un embargo de l'UE sur les ventes d'armes, tandis que l'ONU en impose un depuis 2004 pour la seule région du Darfour. L'ONG appelle à son extension à l'ensemble du territoire soudanais. Toute utilisation au Darfour constituerait une infraction évidente à l'embargo sur les armes de l'ONU.
« La France, par exemple, dans le cas soudanais, n'aurait jamais autorisé la vente d'armes au Soudan ou de matériel de guerre de manière générale, parce que ce pays, justement, est sous embargo de l'Union européenne et, partiellement, des Nations unies. Donc quand la France s'engage à vendre à des partenaires, elle s'engage à vendre à des partenaires de confiance qui ne vont pas réexporter en violation des engagements français. Donc il est indispensable que la France fasse respecter ses engagements et, surtout, qu'elle arrête aujourd'hui les transferts de ce type d'équipement, le système Galix donc, à destination des Émiratis », note Aymeric Elliun.
L'un des groupes mis en question, Lacroix Défense, a réagi. Dans un communiqué, le groupe français confirme avoir fourni du matériel aux forces armées émiraties et rappelle qu'il s'agit de solutions d'autoprotection passive, dont la fonction est de protéger les véhicules blindés. Le groupe ajoute que ces livraisons ont été réalisées dans le strict respect des licences d'exportations accordées.