Les nominés politiques du régime de l'alliance Lepep dans le secteur de l'aviation quittent les sociétés où ils avaient été désignés. Ken Arian a démissionné hier de son poste de Chief Executive Officer (CEO) d'Airport Holdings Ltd (AHL) ainsi que de tous les autres organes auxquels il appartenait, y compris le conseil d'administration d'Air Mauritius (MK). Dans sa lettre adressée au conseil d'administration ainsi qu'au Premier ministre, Navin Ramgoolam, Arian est revenu sur son bilan à la tête de AHL et de MK, soulignant les défis majeurs auxquels il a dû faire face. Il n'a pas manqué de critiquer la situation actuelle de MK, qu'il qualifie de mismanagement flagrant et de mauvaises décisions au cours des six derniers mois.
Charles Cartier, nommé CEO de MK en mars, ne partage visiblement pas le même avis. Bien qu'il soit considéré comme un nommé politique, Charles Cartier aurait fait comprendre qu'il a été nommé par le conseil d'administration de MK et estime que c'est à ce dernier de décider de son avenir. Cependant, plusieurs membres du conseil sont eux-mêmes liés à l'ancien régime.
La situation à MK est d'autant plus critique lorsqu'on observe le comportement de certains dirigeants. Charles Cartier, bien que controversé pour sa relation avec des syndicats et pour avoir fait voyager toute sa famille en classe affaires pour des vacances en Afrique du Sud - une affaire qui fait même l'objet d'une plainte auprès de la Financial Crimes Commission - semble faire de la résistance. Les employés de MK critiquent vivement la gestion du CEO, soulignant un manque d'expérience et une gestion calamiteuse de l'entreprise en seulement quelques mois. Ken Arian le met aussi en exergue dans sa lettre de démission.
Atma Bumma, figure critiquée par les employés
Une autre figure largement critiquée est le responsable de la communication de MK, Atma Bumma, qui percevait un salaire de plus de Rs 250 000 par mois. Le fait qu'Atma Bumma ait pris un mois de congé pour se consacrer à une campagne électorale pour l'alliance Lepep dans la circonscription n° 16 suscite une vive polémique parmi les employés. Il semble impensable pour beaucoup qu'un tel comportement puisse passer inaperçu, notamment après avoir pris part à une campagne politique, pour revenir sans explication claire comme si de rien n'était. Il aurait également fait comprendre qu'il n'avait aucune intention de partir. Ce manque de principes et d'éthique est un sujet de mécontentement croissant au sein de la compagnie, où les employés se demandent comment «ces personnes peuvent adopter une telle attitude».
Par ailleurs, Raouf Gulbul, qui était le chairman d'AML, a aussi soumis sa démission hier. Toutefois, le fait que le CEO d'AML, Deovrat Baichoo, plus connu sous le nom de Pavan, soit toujours en poste et ne semble pas pressé de quitter ses fonctions, gêne les membres du personnel, qui peinent à fonctionner dans ces conditions. Par exemple, obtenir l'approbation d'une décision de l'actuel CEO de cette institution cruciale, dirigeant l'un des deux points d'accès au territoire, comporte le risque que celle-ci soit remise en question lorsqu'il quittera son poste.