Ile Maurice: Démissions, rémissions et prochaines missions

15 Novembre 2024

Alternance oblige, des responsables d'institutions du secteur culturel ont soumis leur démission sitôt le vainqueur des urnes du 10 novembre connu. D'autres, par contre, font valoir leur statut hors politique.

Vikram Jootun n'est plus le directeur de la MFDC Son nom a été associé au clip Vire Mam. Lundi, Sachin Jootun, aussi connu comme Vikram, a «vire» son dos au poste de directeur de la Mauritius Film Development Corporation (MFDC). «J'ai soumis ma démission», a-t-il confirmé. C'était le jour même de l'élection des candidats de l'Alliance du changement. «Nou finn travay. Nou finn fer lindistri monte lokalman ek internasionalman.» Il dit partir avec le sentiment d'un «travail très bien fait».

C'est le 12 juin 2015 que le Conseil des ministres avait annoncé sa nomination comme directeur de la MFDC. En précisant qu'il détient un «degree in Editing and Direction from the Arena Multi Media, Mumbai». Le vendredi 23 juin 2023, le Conseil des ministres avait pris note du renouvellement de son contrat comme General Manager de la MFDC. Ce qu'il va faire maintenant ? «Mo enn profesionel, nou pou rod enn travay bien sir», a-t-il dit. «Mo pankor reflesi.»

Gérard Louis quitte la présidence de la MASA Il confirme avoir soumis sa démission comme président du conseil d'administration de la Mauritius Society of Authors (MASA) dans la matinée du mercredi 13 novembre. «Je pars avec le sentiment d'avoir accompli plusieurs choses dont les artistes ne sont pas au courant.» Il cite par exemple les démarches initiées pour le paiement des droits sur la reprographie (la reproduction des documents, livres, etc.) pour que les auteurs soient rémunérés. Gérard Louis indique avoir rencontré un membre de la Seychelles Authors and Composers Society, en vue de la signature d'un accord de réciprocité. «Bann artis morisien zwe boukou dan Sesel. Se pou nou kapav tom dakor pou pey drwa doter artis morisien.»

Durant son mandat, il est aussi satisfait du paiement des arriérés du MASA Artists Solidarity Scheme, de l'«adoption de nouvelles méthodologies d'échantillonnage pour les exercices de distribution en l'absence de rapports d'utilisation de la musique», du paiement unique pour l'adhésion des sociétaires qui n'ont plus besoin de faire un paiement annuel pour le renouvellement de leur carte de membre de la MASA. Ou encore de l'«adoption du Financial Assistance Scheme à des fins médicales».

Sarita Boodhoo soumet sa démission de la Bhojpuri Speaking Union

Sa démission en tant que présidente du Bhojpuri Speaking Union a été envoyée au ministère des Arts et du patrimoine culturel le mercredi 13 novembre.

Elle est nommée le 3 août 2012, à la création du Bhojpuri Speaking Union. Navin Ramgoolam est alors Premier ministre. Au changement de régime en 2014, Sarita Boodhoo soumet sa lettre de démission. Mais le nouveau gouvernement lui demande de rester en poste. Par la suite, quand Pravind Jugnauth succède à sir Anerood Jugnauth, il la nomme pour deux mandats successifs.

«J'ai eu la possibilité de donner à la langue bhojpuri et à son patrimoine intangible tout le respect, la visibilité qu'ils méritent non seulement à Maurice, mais aussi sur le plan international auprès de l'Unesco», souligne Sarita Boodhoo.

Le geet gawai a été inscrit sur la liste du patrimoine intangible de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) en 2016. En mai de cette année a eu lieu la Bhojpuri Mahotsav, conférence internationale où les intervenants ont discuté des aspects économiques, culturels et patrimoniaux. «Cette conférence a permis de mettre en lumière le bhojpuri en tant que langue maternelle, en tant que langue littéraire, une langue qui s'adapte aussi aux nouvelles technologies.» Si le bhojpuri est enseigné dans les «baitka», l'étape décisive qu'il reste à franchir, selon Sarita Boodhoo, c'est l'entrée du bhojpuri à l'école. «Le bhojpuri est l'unique langue qui n'a pas de reconnaissance dans le système d'éducation formel à Maurice.»

Jean Maxy Simonet, président de l'Intercontinental Slavery Museum :«Je ne suis pas un nominé politique»

Jean Maxy Simonet souligne qu'il a été nommé à la présidence de l'Intercontinental Slavery Museum en sa «capacité d'ancien haut fonctionnaire expérimenté. Je ne suis pas un nominé politique. Si on me demande de partir, il n'y a pas de problème». Il rappelle que le musée de l'esclavage intercontinental, «n'est pas un corps paraétatique mais un Special Purpose Vehicle mis en place pour implémenter le projet de musée, pas pour l'administrer». La mise en place du musée est toujours en cours.

Le prochain grand développement attendu est l'arrivée des bustes de la collection de Froberville, prévue pour fin novembre. Il s'agit de bustes moulés à Maurice, à partir de personnes réduites en esclavage au 19e siècle. Ces bustes étaient conservés jusque-là au château de Blois, en France. Avant leur arrivée, des vitrines équipées de conditions de conservation adéquates (contrôle de température, humidité, etc...) sont en cours d'installation au musée. «Nous attendons le nouveau ministre de tutelle pour faire le point sur le projet de musée», indique Jean Maxy Simonet. Il a pris sa retraite comme Secretary for Public Service en 2020. «J'ai été au service du pays pendant plus de 40 ans. J'ai été chef de cabinet auprès de plusieurs ministres, je sais comment se passe l'alternance».

Arnaud Carpooran, président de la Creole Speaking Union : «Pas professionnel de démissionner maintenant» Le président de la Creole Speaking Union estime que cela ne serait «pas professionnel» de démissionner à pareille date, «parce qu'il n'y a pas que nous. Ena bann desizion ki paret bien zoli me ki ena konsekans lor lezot dimounn». Arnaud Carpooran pense au personnel de la Creole Speaking Union qui «doit recevoir son salaire à la fin du mois. Je suis l'un des signataires autorisés pour ces formalités administratives. Si je démissionne maintenant, je paralyse le fonctionnement de la Creole Speaking Union.

Il faut attendre la nomination d'un nouveau responsable pour un handing over approprié». Arnaud Carpooran est président de la Creole Speaking Union depuis 2012, durant le précédent mandat premier-ministériel de Navin Ramgoolam. «Pour le renouvellement du board, la loi indique qu'il faut des élections, après l'émission d'un writ of elections par le Permanent Secretary du ministère des Arts. Nous ne sommes pas conditionnés par les élections générales mais par les élections régissant les Speaking Unions.»

Parmi les missions en cours de la Creole Speaking Union figure la traduction en kreol de la Constitution de Maurice. N'oublions pas que le kreol morisien, arrivé au niveau du School Certificate, n'a pas franchi l'étape de l'introduction au Higher School Certificate au début de la présente année scolaire. Langue maternelle qui se dote patiemment d'outils et d'un corpus en vue de son entrée à terme au Parlement.

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