Une fois encore, la Conférence des évêques de Madagascar s'est adressée aux dirigeants et au peuple malgache en dénonçant tous les maux qui gangrènent la société, notamment la pénurie d'eau et le délestage qui prennent en otage le pays.
L'eau équivaut à la vie. La crise socio-économique qui prévaut actuellement dans le pays ne laisse pas indifférente la Conférence des évêques de Madagascar (CEM). Dans son message, publié hier, elle n'a pas caché sa sensibilité face à cette conjoncture.
« Nous ne pourrons jamais nous taire, nous clamons avec le peuple les douleurs actuelles des Malgaches bien qu'il y ait eu des efforts qu'on ne peut pas négliger », affirme la Conférence épiscopale qui indique que « le problème d'électricité et d'eau est très profond ». Une situation qu'on peut, selon les évêques, considérer comme une forme d'homicide indirect, car l'eau équivaut à la vie.
Sombre constat
« Existe-t-il des gens ou des groupes payés pour faire l'éloge des dirigeants tout en étant indifférents devant les souffrances du peuple ? », s'interroge la CEM. Elle souligne en effet que les dirigeants semblent insensibles et qu'ils n'ont pas de plans de développement, de méthode et d'éventuelles résolutions. Les évêques s'étonnent même que certains osent encore affirmer que le pays progresse et que les dirigeants sont efficaces.
Ils ont, en tout cas, dressé un sombre constat de la performance de l'Etat, en insistant sur d'autres points tels que l'augmentation sans cesse des produits de première nécessité, la généralisation de l'insécurité mais aussi la dégradation de l'éducation et de l'enseignement à Madagascar de la base jusqu'au niveau supérieur. « La situation est telle qu'elle oblige les gens à se sacrifier et à souffrir. Ils semblent accepter avec résignation leur sort et leur destinée », déplorent les évêques.
Pompiers
« La situation ne correspond pas aux promesses des candidats qui occupent actuellement les postes de responsabilité », poursuit la CEM qui révèle même l'existence d'une crise de confiance entre le peuple et les dirigeants. Toutes ces réalités, selon les évêques, révèlent que la vie du peuple chute totalement.
« Est-il possible qu'on fait tout pour appauvrir le peuple à l'avantage d'une minorité », se demandent-ils, tout en soutenant que des dirigeants ou leurs partisans et proches collaborateurs abusent de leur pouvoir et amassent des fortunes. « Le petit peuple ne sait plus où aller alors qu'une minorité accapare et dépouille la richesse nationale et en jouit allant contre la conscience et détournant le regard de la pauvreté des concitoyens », insistent d'ailleurs les évêques, regrettant qu'aucune solution pérenne n'ait été trouvée face à tous ces maux.
« Les dons que procure l'État et les politiciens ne visent pas à éduquer les gens, et ne permettent pas d'avoir une vision à long terme, mais juste pour une solution immédiate pour éteindre le feu comme font les pompiers mais n'aide pas à construire l'avenir », ajoutent les évêques qui rappellent qu'une politique est efficace si les dirigeants et le peuple cheminent ensemble.
Culture de la mort
Ce constat mène la Conférence des évêques de Madagascar à faire appel aux dirigeants. « Tout le monde attend de vous des actes et non des paroles », précisent-elle dans son message d'hier. En effet, les évêques exigent l'établissement des plans clairs, continus pour éviter ces souffrances exagérées. « Il faut nous débarrasser de cette culture de la mort que nous sommes en train de vivre », soulignent-ils, invitant à la construction et protection de la culture de la vie. Les évêques veulent néanmoins mettre tout le monde devant ses responsabilités.
« Les moments difficiles que traverse aujourd'hui la nation malgache nous fait réfléchir, nous chrétiens et tous les croyants : sommes-nous sûrs et certains que nous avons bien rempli nos devoirs citoyens ? », poursuit en tout cas le message. Quoi qu'il en soit, en rappelant la déclaration du Pape François, la CEM invite les chrétiens à ne pas se laisser voler l'espérance qui est en eux.