Sénégal: Législatives au pays - Audace présidentielle contre témérité oppositionnelle

Les votes aux élections législatives anticipées au Sénégal se sont déroulés hier dans un calme plat. Une ambiance qui a contrasté avec le climat délétère qui a marqué la campagne électorale et fait craindre le retour des vieux démons.

En effet, la campagne a été jalonnée d'actes de violence perlée qui ont entraîné la destruction de QG de campagne, des blessures par couteaux, 81 interpellations, des appels à la vengeance mais aussi au calme. Il faut croire que ce sont ces voix modérées qui ont été entendues et qui valent aux Sénégalais d'avoir voté dans la sérénité. Pourvu que cela perdure à l'annonce des résultats dont les premières tendances sont attendues ce 18 novembre, tandis que le décompte final devrait être annoncé dans une semaine.

Entre l'audace présidentielle d'un Diomaye Faye qui a dissous la précédente Assemblée nationale, et la témérité oppositionnelle de Macky Sall, qui veut prendre sa revange dans ce scrutin anticipé aux allures d'un second tour de la présidentielle de mars dernier, qui triomphera ? De fait, la volonté du président Faye de se donner tous les moyens institutionnels d'une réforme audacieuse de l'Etat sénégalais, jure avec les soubresauts de survie politique d'anciens caciques du système, téméraires et revanchards, comme Macky Sall depuis son exil marocain.

Sans devancer l'iguane dans l'eau, plus d'un observateur de l'échiquier politique sénégalais estime que des 41 listes en compétition, celles de la coalition PASTEF du duo Diomaye Faye /Ousmane Sonko ont de bonnes chances de l'emporter, continuant ainsi de surfer sur la popularité réelle de ces jeunes loups aux idées révolutionnaires qui, en moins de 3 ans, se sont fait adoptés par la majorité des Sénégalais.

Par ailleurs, leurs opposants, durant la campagne électorale ont montré qu'ils n'étaient d'accord que sur la dénonciation de la politique du président actuel et de son Premier ministre. Pour le reste, leur égo de vouloir être calife à la place du calife y compris contre leurs alliés d'hier et d'aujourd'hui reste vivace. On en voudrait pour preuve, l'existence de 3 coalitions des partis de l'opposition. L'ancien président Macky Sall, pour ces législatives, dirige la coalition Takku Wallu Sénégal ; il a été impossible de s'entendre avec son ancien dauphin et ancien Premier ministre qui a créé une autre coalition, le Jamm ak Njarin ; l'ancien maire de Dakar, par ailleurs ancien Premier ministre, cornaque le regroupement Samn sa Kaddu. Et l'on oublie le regroupement que pilote l'actuel maire de Dakar, Barthélémy Diaz.

Cette multiplication de coalitions dans l'opposition, synonyme d'éparpillement des voix de leurs électeurs, renforce les analyses qui subodorent que la coalition au pouvoir pourrait facilement remporter les 83 sièges sur 165 dont elle a besoin pour être majoritaire au parlement. L'audace présidentielle de la dissolution de l'Assemblée nationale pour des législatives anticipées pourrait donc réduire à sa plus simple expression la témérité de ses opposants qui se sont illustrés dans des tirs de barrage groupés contre les réformes que veut mettre en oeuvre le nouveau pouvoir. Elles portent notamment sur la création d'un poste de vice-président, la justice ou la suppression d'institutions jugées budgétivores.

Fin de suspense sous huitaine avec l'annonce des résultats définitifs. Notons que 1100 observateurs des organisations de la société civile sénégalaise et 90 autres de la CEDEAO ont été déployés pour attester du bon déroulement de ce scrutin aux grands en jeux pour le Sénégal.

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