L'entraîneur des Comores revient sur la qualification de son équipe qui a réussi l'exploit de valider son ticket dès la cinquième journée. C'est une grande performance pour les Coelacanthes et pour Stefano Cusin qui va disputer la CAN pour la première fois de sa carrière. Il est revenu sur cet exploit avant la dernière journée des éliminatoires de la CAN.
RFI : Comment vous avez vécu la victoire face à la Gambie et cette deuxième qualification pour les Comores, la première pour vous comme entraîneur ?
Stepfano Cusin: Je l'ai vécue d'une façon tranquille. J'évolue avec un groupe de jeunes joueurs certes, mais ils ont une bonne mentalité. Ils ont une intégrité, de grandes qualités, un moral irréprochable, donc j'étais confiant. Depuis le début, et malgré le fait que le groupe soit difficile avec la Gambie, Madagascar et la Tunisie, je pense qu'on était dans la poule la plus équilibrée. Je pensais même que la qualification allait se jouer à la dernière journée. Mais grâce à notre exploit en Tunisie, cela nous a donné l'avantage et nous a permis de nous qualifier en battant la Gambie. Donc, c'est super, surtout qu'on a joué tous nos matchs à l'extérieur (Ndlr : faute de stade homologué par la CAF, les Comores est obligé de disputer ses rencontres à l'extérieur). Donc, la qualification a une saveur différente de la première parce que nous n'avons pas pu avoir le soutien de notre public.
Zéro défaite en cinq journées, des victoires en Tunisie et en Gambie. Est-ce que vous vous attendiez à ce que votre groupe soit autant au rendez-vous ?
Sincèrement, j'ai toujours confiance en mes joueurs. Un entraîneur doit toujours être positif et penser que son équipe est meilleure que les autres. C'est l'état d'esprit qu'un entraineur doit inculquer aux joueurs. Après, on avait quelques certitudes avant le début des éliminatoires. On avait battu par exemple l'Ouganda 4-0 à l'extérieur, on avait fait 0-0 contre l'Angola, et avait battu le Tchad (2-0). Donc, il y avait déjà des précédents et l'équipe, petit à petit, a pris une autre dimension. Elle a pris conscience de ses qualités et à la fin, et c'est le message que je voulais faire passer : "Même si on n'était pas encore une grande équipe, c'était important qu'on commence à penser comme une grande équipe." C'est une question de mentalité et là, l'équipe a franchi un palier.
Personnellement, vous êtes en Afrique depuis plus de 20 ans, vous avez connu beaucoup de clubs, beaucoup de sélections. Est-ce qu'on peut considérer que cette qualification à la CAN reste votre plus grosse performance, en attendant la suite ?
Je pense que ce n'était pas plus facile de gagner le championnat en Libye, même si c'était avec Al-Ittihad, parce que quand j'ai pris l'équipe, ils étaient 5e, à 9 points du 1er, et on a fini leaders. Donc c'était difficile aussi. Je suis parti en Palestine, (à Ahli al-Khalil de Hébron), j'ai pris une équipe qui était 3e à l'issue des matchs allés, et on a gagné tous les titres à la fin. Peut-être qu'au niveau international, les gens me connaissaient un peu moins, mais je pense quand même que partout où je suis passé, j'ai toujours tenté de donner le maximum et il y a eu des résultats. Maintenant, ce n'est pas toujours celui qui gagne les titres qui est le meilleur. C'est aussi le fait d'arriver à ce que votre équipe donne 100% de ce qu'elle a. Après évidemment, une qualification à la CAN, cela donne une autre dimension à l'international.
Il reste un dernier match contre Madagascar (lundi 19h TU), déjà éliminé. Un match sans jeu, sauf que c'est un derby et que les Comores n'ont jamais gagné contre le voisin malgache...
C'est vrai que c'est un derby, c'est vrai que c'est important pour le pays, pour la nation, et en même temps, il va falloir quand même faire en sorte qu'il y ait un turnover. Je gère un effectif de 24 joueurs. Il faut quand même que je donne l'occasion de jouer à ceux qu'on a moins vus. En plus, il y a quelques joueurs qui sont blessés, quelques clubs qui réclament leurs joueurs parce qu'ils vont avoir des matchs importants à partir de vendredi. Donc, c'est un peu tous ces paramètres qu'il faut prendre en ligne de compte. L'objectif, c'était la qualification, on l'a eue, et on ne va pas aligner les mêmes joueurs qui sont fatigués ou qui ont des problèmes physiques juste parce que c'est Madagascar. Il faut donner l'occasion à tout le monde de se montrer parce que moi aussi, il faut que j'ai des idées claires sur les joueurs qui ont moins joué moins pour le futur.