Dakar — Les bureaux de vote ont officiellement ouvert leurs portes dimanche à 8 heures pour permettre aux 7,3 millions de Sénégalais d'élire leurs 165 représentants à l'Assemblée nationale pour les cinq prochaines années.
Au total, 41 listes de partis ou coalitions de partis sont en lice pour ce scrutin législatif anticipé.
Cent douze sièges sont pourvus au scrutin de liste majoritaire. La liste arrivée en tête dans chacun des 46 départements du pays rafle les sièges en jeu, soit un total de 112 sièges répartis suivant la démographie et le poids économique de chaque circonscription.
Quinze sièges sont réservés aux circonscriptions de la diaspora et les 53 sièges restants sont pourvus au scrutin proportionnel.
Ce scrutin a valeur de test pour le nouveau pouvoir. Il devrait servir en même temps de clarification du jeu politique en termes de popularité pour le gouvernement et l'opposition.
Huit mois après l'alternance au sommet de l'État et plus d'un mois après la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, en vertu de ses prérogatives constitutionnelles, les électeurs sénégalais retournent aux urnes pour déterminer ce qui peut être considéré comme l'avenir du nouveau régime.
Un raz de marée électoral entrainerait un renforcement et une mainmise du parti des Patriotes africains pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF) sur l'échiquier politique. D'autant que les tenants du nouveau pouvoir ont adopté et proposé un programme dénommé "Sénégal 2050", le référentiel des politiques publiques pour les cinq prochaines années au moins.
Cette vision du développement des "Patriotes" va ainsi, à travers le scrutin de dimanche, passer au révélateur des électeurs.
En revanche, une victoire de l'opposition, qui a noué plusieurs alliances au niveau local, ouvrirait une période d'incertitude d'au moins deux ans, l'Assemblée nationale ne pouvant être dissoute qu'au-delà de vingt-quatre mois après son installation.
Sur la dernière ligne droite de la campagne, l'idée d'imposer une cohabitation a continué à être agitée par les opposants pour, disent-ils, "rectifier l'erreur" ayant débouché sur l'arrivée de PASTEF au pouvoir.
En définitive, ces enjeux ont sans doute pesé sur la campagne électorale. Elle s'est déroulée dans un climat par moments tendu, sur fonds de violences verbales et physiques.
Le fait le plus notable a été l'agression à Saint-Louis (nord) de commerçants scandant le nom de la tête de liste du parti au pouvoir, Ousmane Sonko, au passage de la caravane de l'une des principales coalitions de l'opposition, Sàmm Sa Kàddu, dirigée par le maire de Dakar, Barthélemy Dias.
L'arrestation et le placement sous mandat de dépôt d'environ 80 personnes soupçonnées d'en être les auteurs a fait baisser la tension, alors que le camp du pouvoir avait appelé à la vengeance avant de prôner la poursuite de la campagne dans un climat de sérénité.
En fin de compte, dimanche soir, les Sénégalais auront fini de faire leur choix entre les deux logiques que tout oppose. Distribuant à chaque camp le rôle qu'il est appelé à jouer pour les deux années au moins à venir.