Rama Sithanen veut la transparence totale sur les activités de la Mauritius Investment Corporation (MIC) lancée en juin 2020 pour soutenir financièrement les grands conglomérats. Il recherche des dossiers sur des déboursements ainsi que le dernier bilan financier pour comprendre si cette filiale de la Banque centrale a été bien gérée.
Samedi, lors de sa prise de fonctions, le nouveau gouverneur de la Banque de Maurice (BoM), Rama Sithanen, a réclamé des renseignements auprès de hauts cadres. Il attend les réponses à ces questions pour dresser un état des lieux, un exercice qui, dit-il, prendra un certain temps. Dans sa démarche, le nouveau gouverneur souhaite s'enquérir si les dossiers de prêts de la MIC ont été bien traités par le comité d'évaluation, en respectant les critères de sélection. Ce, en se basant sur les objectifs et les paramètres d'investissement de la MIC.
L'objectif était d'assister financièrement les grandes entreprises systémiques, affectées par les effets du Covid-19, soutenir et accélérer le développement économique du pays pour constituer une base d'épargne pour la population en investissant dans des sociétés visant à renforcer l'autosuffisance dans des produits alimentaires de base et dans celles axées sur l'innovation. Les membres du comité d'évaluation auraient-ils outrepassé ces critères pour octroyer des prêts à des sociétés qui n'étaient pas defacto éligibles ?
La nouvelle direction de la Banque centrale compte sans doute faire la lumière à ce sujet sur la base d'une enquête serrée. Entre-temps, on relève qu'au 30 septembre 2024, la MIC avait déjà décaissé Rs 56,8 milliards pour financer des prêts à une soixantaine d'entités sur un montant initial de Rs 81 milliards injecté par la BoM. Sans compter les Rs 25 milliards investies dans Airport Holdings Ltd en décembre 2021.
Une répartition de ces prêts par secteurs prioritaires montre l'hébergement et la restauration qui arrivent en tête de liste, mobilisant des prêts à hauteur de Rs 17,8 milliards, suivis de l'agro-industrie, Rs 8,2 milliards ; la manufacture, Rs 3,1 milliards; l'immobilier, Rs 1 milliard ; alors que le secteur de la construction et les sociétés engagées dans les loisirs et la culture ont bénéficié respectivement de Rs 400 millions et Rs 200 millions.
Il faut signaler que des secteurs classés sous l'item «autres» ont obtenu des financements de Rs 25,9 milliards. Par ailleurs, les instruments de financement utilisés par la MIC sont par le biais de quasi fonds propres, Rs 21,2 milliards ; de titres, Rs 31,2 milliards ; et d'actifs financiers, Rs 4,3 milliards. En attendant la nomination d'une nouvelle équipe de direction avec la démission de son CEO, Suraj Bissessur, et d'une majorité de ses directeurs, la MIC devra prouver que ses financements reposent sur des projets concrets, même avec des actifs dépassant Rs 80 milliards, un chiffre d'affaires de Rs 639 millions en juin 2023 et des profits de Rs 212 millions pour la même période.
On saura dans les jours à venir si la MIC «is too big to fail» et si son modèle est financièrement soutenable dans le temps comme une filiale de la BoM, alors que des institutions financières internationales comme la FMI ont plus d'une fois réclamé son retrait de l'actionnariat de la Banque centrale.