L'heure est aux récoltes dans le monde rural et il faut le dire, la moisson s'annonce bonne. Pour s'en convaincre, il suffit de sillonner les pistes rurales pour voir les plantes de mil qui courbent fièrement la tête sous le poids des épis bien grenus.
La nature, après les caprices du début de la saison agricole qui ont suscité de vives inquiétudes, s'est montrée finalement très généreuse. Les bonnes grâces du Ciel auxquelles se sont adjoints les efforts du gouvernement qui a engagé la grande offensive sylvo-agricole et pastorale et les moyens qui vont avec, devraient permettre aux Burkinabè des villes et des campagnes de satisfaire leurs besoins alimentaires.
Mais cela n'est possible qu'à une seule condition : il faut que les paysans puissent récolter et que ces récoltes rentrent à la maison. Et il faut le dire, cela ne va pas de soi dans les zones sous pression terroriste. En effet, l'on apprend ça et là des incidents sécuritaires qui laissent planer le doute sur le bon déroulement de la campagne de moisson : des paysans froidement abattus dans des champs, des incendies criminels d'exploitations agricoles, des hommes et femmes empêchés de se rendre aux champs pour récolter, des saccages et vols de récoltes et de bétail, des destructions de matériels agraires, etc.
Ces actes de vandalisme, loin d'être isolés et conjoncturels, entrent dans le cadre de la stratégie de guerre de l'ennemi qui tente par tous les moyens d'asphyxier les Burkinabè qui font preuve d'une formidable résilience.
Les paysans doivent faire preuve de prudence
Les Groupes armés terroristes (GAT) tentent ainsi d'accentuer la crise humanitaire au moment même où les opérations de reconquête du territoire national se poursuivent. Ces menaces qui planent sur les récoltes sont donc aussi une tentative de saboter les efforts de l'Exécutif pour ramener la paix et la sécurité dans le pays. Face à la situation, il faut donc ouvrir l'oeil et le bon en mettant, au plus vite, en place, un plan de riposte.
Certes, les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), déjà engagés sur les différents théâtres d'opérations, font des prouesses au prix d'énormes sacrifices. Mais c'est le lieu de solliciter d'eux une plus grande vigilance dans les zones agricoles. Mais au-delà des forces combattantes, les populations rurales doivent elles-mêmes s'organiser et faire montre d'une solidarité agissante pour récolter et ramener, le plus rapidement pôssible, les fruits de leur labeur à la maison.
Ces formes d'organisations solidaires existent déjà traditionnellement et il faut juste savoir les réactiver par ces temps d'incertitudes en prenant, bien entendu, le soin de mettre sur pied avec les VDP et les FDS, des dispositifs sécuritaires pour éviter les massacres de masse que l'on a pu constater par- endroits. Mais en attendant cette réponse collective, les paysans doivent faire preuve de prudence.
Car, comme le dit la sagesse populaire, « prudence est mère de sûreté » et cela est particulièrement vrai pendant cette période où la végétation, encore très touffue au sortir de la saison pluvieuse, agit en faveur des forces du mal.