Cameroun: Les cadres du parti au pouvoir s'interrogent sur la gestion des fonds publics

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Après le discours fort applaudi du député Rdpc Mathurin Bindoua, qui a critiqué l'inertie des ministres membres du parti au pouvoir, qui ne sont pas parvenus à doter la région du sud des routes circulables, d'autres sorties du genre se multiplient au Cameroun, intensifiant les critiques au sein du système gouvernant depuis 42 ans de règne du Président Paul Biya.

Le patron de la police, un ministre délégué, un député et tout récemment le maire de la commune de Ngoumou dans la région du centre, ont tiré à boulets rouges sur la mauvaise utilisation du budget d'investissement par certains membres du gouvernement.

Lors de la cérémonie de remise de don de tables bancs au lycée d'Otélé à 56 Km de Yaoundé, dans une vidéo devenue virale, le maire Rdpc de Ngoumou, Jean Baptiste Atemengue, critique la dotation des fonds aux Conseils Régionaux par la ministre des enseignements secondaire, une militante du parti au pouvoir.

« Lorsque j'ai visité ces salles de classe d'un lycée d'enseignement général, j'ai failli couler des larmes dans la boue et la poussière de ces salles de classe », a déclaré Jean Baptiste Atemengue, maire Rdpc de Ngoumou.

« J'interpelle, les sénateurs ici présents sur le fait que, l'Etat dépense chaque année 550 milliards de franc CFA comme l'année dernière pour l'enseignement secondaire, si on prend seulement 10%, normalement on devait prendre 30% de ce budget pour l'investissement dans les lycées et chaque conseil régional aurait 30 milliards et il y'aurait pas des poubelles comme ça comme ce lycée », a renchérit le maire de Ngoumou sous des applaudissements nourris.

Maire rebelle ?

« Vos propos ne peuvent avoir d'autre effet que de créer un sentiment de révolte contre le gouvernement dans un contexte préélectoral », a réagi Pauline Nalova Lyonga, ministre des enseignements secondaires dans une correspondance adressée à son camarade du parti. La ministre précise qu'un appoint de plus d'un milliard de francs CFA a été fait aux Conseils Régionaux cette année pour réhabiliter les établissements sinistrés.

Routes du calvaire

Cette mise au point est survenue après une précédente sortie d'un ponte du régime sur le mauvais état du réseau routier. Martin Mbarga Nguele, délégué général à la sureté nationale est d'ordinaire, une personnalité taciturne.

« J'ai été au sud-ouest entre Yaoundé et Mutenguene. Ca a été un calvaire pour circuler, je n'avais jamais vécu cette situation auparavant. Comment se fait-il que le Président ait donné des orientations, des instructions et il y'a des membres du gouvernement en place, que faisons-nous pour le développement du pays » ?

Le ministre des travaux publics a affirmé lors de la dernière revue des projets routiers que 51,500 milliards de francs CFA ont été injectés dans des opérations d'entretien du réseau routier sur financement du Fonds routier et du budget d'investissement.

« Les travaux à réaliser concerne en grande masse la réhabilitation des sections les plus dégradées, le traitement efficace des points critiques et les nids de poule, les travaux d'assainissement et de drainage, la signalisation, la fourniture et la pose des instruments de sécurité , priorité est accordée aux travaux de maintien de la circulation, de nettoyage te d'assainissement, les travaux gagneront conséquemment en intensité dès la fin des pluies et les usagers à ressentir l'impact de ces interventions », mentionne Emmanuel Nganou Djoumessi, ministre des travaux publics.

Deux milliards en fumée

Le 6 novembre dernier Abdoulaye Yaouba, ministre délégué auprès du ministre des finances a révélé le détournement de 2 milliards de francs CFA destinés aux populations suites aux récentes inondations dans la région de l'extrême -nord.

« On a trouvé qu'il y'a beaucoup d'argent que le Président de la république a envoyé mais les acteurs sur le terrain ne sont pas très contents, il y'a presque 2 milliards de francs CFA qui sont partis comme ça, qui sont rentrés ou sont perdus et en même temps, les populations réclament les points d'eau, les salles de classe, les infrastructures sanitaires et routières pendant ce temps l'argent débloqué 2 milliards de FCFA ont été ramenés à Yaoundé pour qu'on dise que le Président de la république ne fait rien », a confié le ministre Abdoulaye Yaouba à la presse.

A Yaoundé, un jeune cadre de banque sous anonymat, pense qu'il y'a un sérieux problème sur l'utilisation du budget d'investissement au Cameroun. « Dernièrement toujours ici au niveau de la région du Centre, un sous-préfet a fermé 9 écoles de son arrondissement parce qu'il n'y'avait pas d'enseignants, ces derniers disent que la route est impraticable pour aller y enseigner. Or le budget d'investissement sert à quoi, ça sert à construire des routes, en réalité on ne voit rien dans tous les secteurs où on devrait voir l'effectivité du budget d'investissement », rapporte-t-il.

Selon les sources du ministère des finances, le budget d'investissement public de l'année 2024 est exécuté qu'à hauteur de 45% et pourtant les besoins de développement des territoires sont nombreux.

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