Soudan: La Russie met son veto à une résolution de l'ONU appelant à un arrêt immédiat des hostilités

Des réfugiés soudanais arrivent à la ville frontalière d'Adre au Tchad.

Alors que le conflit au Soudan a déjà fait des dizaines de milliers de morts et plus de 11 millions de déplacés en seulement 18 mois, le Conseil de sécurité de l'ONU a échoué à adopter une résolution appelant à un arrêt immédiat des hostilités dans le pays, ce lundi 18 novembre. S'il a recueilli 14 voix pour, le texte préparé par le Royaume-Uni et la Sierra Leone s'est heurté au refus de la Russie, qui y a mis son veto.

La Russie a empêché le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu et à la protection des civils au Soudan en mettant son veto à un projet de résolution présenté par le Royaume-Uni et la Sierra Leone, ce lundi 18 novembre. Le texte vu par l'AFP appelait les parties « à cesser immédiatement les hostilités et à s'engager de bonne foi dans un dialogue pour permettre des étapes vers une désescalade, dans le but de se mettre d'accord de façon urgente sur un cessez-le-feu national ». Il leur demandait aussi de « respecter les engagements » pris en 2023 pour protéger les civils, de ne pas utiliser les violences sexuelles comme « tactique de guerre », et de permettre un accès « rapide, sûr et sans entrave » à l'aide humanitaire.

Cette décision de la Russie, seul pays à s'être opposé au projet de résolution qui a, par ailleurs, recueilli 14 voix pour, a provoqué des critiques de plusieurs autres Etats membres du Conseil de sécurité qui espéraient ainsi mettre la pression sur les deux généraux rivaux qui s'affrontent au Soudan depuis le mois d'avril 2023, le général Abdel Fattah al-Burhane arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 2021 d'une part, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, dit Hemedti, de l'autre.

« Ce véto russe est une honte et montre une fois de plus le vrai visage de la Russie »

A l'issue du vote, le ministre britannique des Affaires étrangères, qui présidait la réunion, s'en est pris à la Russie, tenant des propos virulents. « Ce véto russe est une honte et montre une fois de plus le vrai visage de la Russie. [Vladimir] Poutine devrait avoir honte d'utiliser des mercenaires pour propager la guerre et la violence à travers le continent africain. Il devrait avoir honte de faire semblant d'être partenaire des pays du sud, alors qu'il condamne les Africains à plus de tueries, de viols et de famine avec cette guerre brutale, a notamment lancé David Lammy avant de poursuivre : je demande au représentant de la Russie combien de Soudanais doivent encore mourir, combien de femmes doivent être violées, combien d'enfants subir la faim avant que la Russie ne se décide à agir ? La Russie va devoir s'expliquer vis-à-vis de tous les membres de ce Conseil de sécurité. Avec ce veto, elle envoie un message aux deux belligérants : qu'ils peuvent agir en toute impunité, ignorer leur engagement et leur responsabilité de protéger leur population. »

« La Russie affirme être pour et avec les Africains, mais vote contre une résolution soutenue par les Africains, pour les Africains », a renchéri l'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield, jugeant « inadmissible » que la Russie s'oppose à des mesures « pour sauver des vies ».

Assurant que Moscou souhaitait un cessez-le-feu mais décidé par les parties elles-mêmes, l'ambassadeur russe adjoint, Dmitry Polyanskiy, a justifié son veto en dénonçant un projet de résolution « au parfum post-colonial ». Il a également accusé les Britanniques d'avoir pendant les négociations empêché « toute mention des autorités légitimes du Soudan ».

Si, lors des précédentes résolutions sur cette guerre, la Russie s'était abstenue, elle s'est montrée récemment de plus en plus clairement « alignée » sur le camp du général al-Burhane, avait commenté un diplomate avant le vote. Dans un communiqué, le ministère soudanais des Affaires étrangères a d'ailleurs « salué » le veto russe, expression d'un « soutien à l'indépendance et l'unité du Soudan et de ses institutions nationales ».

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