La Cour pénale spéciale (CPS) et la Cour pénale internationale (CPI) veulent toutes deux juger Edmond Beina. Mais ces deux juridictions, basées respectivement à Bangui et à La Haye, ont entamé un bras de fer pour savoir qui jugera ce chef anti-balaka. Poursuivi pour des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre qui auraient été commis en 2014 à Guen, dans le sud-ouest de la Centrafrique, il est actuellement incarcéré à Bangui.
Edmond Beina a été arrêté, en juin, et est actuellement incarcéré à Bangui. Dans une requête rendue publique, vendredi 15 novembre, le ministre de la Justice de la Centrafrique a demandé aux juges de la CPI de laisser la CPS - une Cour créée par le gouvernement centrafricain et l'ONU - poursuivre les procédures à Bangui.
« La Centrafrique a les capacités et la volonté politique d'organiser le procès chez elle, devant la Cour pénale spéciale », c'est en substance ce que plaide le ministre de la Justice dans sa requête.
Les deux Cours se retrouvent aujourd'hui en compétition, même si elles ont coopéré de façon plutôt fluide, sur ce dossier, depuis 2019.
Si la CPI demande aujourd'hui l'exécution du mandat d'arrêt contre Edmond Beina, plusieurs éléments pourraient plaider en faveur de la CPS. La rapidité, d'abord, car l'affaire devrait être renvoyée prochainement devant la chambre d'assises. La cohérence ensuite, car à Bangui, Edmond Beina sera jugé avec quatre autres Centrafricains qui étaient sous ses ordres, à l'époque des crimes reprochés. Et le bon sens enfin, car la majorité des témoins se trouve en Centrafrique.
Mais selon les textes, ce sont les juges de la CPI qui devront trancher. Pour l'heure, le procureur Karim Khan n'a pas encore répondu à la requête du ministre de la Justice.