Afrique: Portrait d'Ousmane Sow – Sculpteur sénégalais à l'allure des guerriers africains

Ousmane Sow.
19 Novembre 2024

La 15e Biennale de l'art contemporain africain (Dak'Art) s'est ouverte à Dakar le 07 novembre 2024. Un rendez-vous des artistes du monde entier leur permettant d'exprimer leurs œuvres à travers des expositions. Ce contexte de la Biennale nous pousse aujourd'hui à plonger dans l'univers d'Ousmane Sow, sculpteur sénégalais de renom connu pour ses statuts monumentaux.

« Avec l'irruption de ses Nouba au milieu des années 80, Ousmane Sow replace l'âme au corps de la sculpture, et l'Afrique au cœur de l'Europe », tout est dit dans ces mots d'Emmanuel Daydé, co-commissaire avec Béatrice Soulé de l'exposition d'Ousmane Sow sur le pont des Arts à Paris, lit-on sur le site de la Maison Ousmane Sow.

Biographie de l'homme

Né à Dakar, d'une mère saint-louisienne et d'un père dakarois de trente ans son aîné, Ousmane Sow a grandi à Reubeuss, où il reçoit une éducation extrêmement stricte au cours de laquelle son père le responsabilise très jeune, car ce quartier était réputé comme l'un des quartiers les plus mouvementés de la capitale.

Il hérite de son père la rigueur, le sens du devoir et un esprit libre. À la mort de celui-ci, et malgré un immense attachement à sa mère, il décide de partir pour Paris, sans un sou en poche. Tout en pratiquant divers petits métiers et après avoir renoncé à suivre l'enseignement de l'Ecole des Beaux-arts, il passe un diplôme de kinésithérapeute.

Ousmane Sow a commencé la sculpture depuis l'enfance, mais c'est à l'âge de 50 ans qu'il fit de la sculpture son métier à part entière et montra pour la première fois les Noubas.

Son métier de kinésithérapeute qu'il exerça jusque-là n'est sans doute pas étranger au magnifique sens de l'anatomie que l'on trouve dans son œuvre. Durant toutes ces années d'activité, il transforme la nuit son cabinet médical et ses appartements successifs en ateliers de sculpture, détruisant ou abandonnant derrière lui les œuvres qu'il crée. Y réalisant des films d'animation, avec une caméra Pathé à manivelle, à partir de petites sculptures animées.

L'histoire de ses Noubas

Les Noubas furent aussitôt reconnues et sont aujourd'hui emblématiques de son travail. Présentés en 1987 au Centre Culturel Français de Dakar, le Nouba assis et le   Nouba debout sont exposés dès 1992 à la Documenta de Kassel, et en 1995 à la Biennale de Venise. Suivra la naissance de trois séries africaines : les Masaïs, les Zoulous et les Peulhs.

C'est seulement dix ans plus tard qu'Ousmane Sow entreprend la création de la série Petits Nouba, estimant n'avoir pas achevé la série Nouba de 1984 et souhaitant y ajouter quelques thèmes.

Sculptant la plupart du temps des hommes en action, l'artiste fait de la lutte la métaphore et le lieu même de son travail.

S'attachant à représenter l'homme, il travaille par séries et s'intéresse aux ethnies d'Afrique puis d'Amérique, et puise son inspiration aussi bien dans la photographie que dans le cinéma, l'histoire ou l'ethnologie.

En 1999, à Paris, sur le Pont des Arts, entre le Louvre et l'Académie, s'installent en majesté les séries africaines, mais aussi la Bataille de Little Big Horn qui vient de naître. Un acte fort pour la reconnaissance de son œuvre, mais aussi une fierté pour l'Afrique, ce continent auquel il pense en acceptant la proposition d'entrer sous la Coupole.

Premier artiste noir à entrer à la prestigieuse Académie des Beaux-Arts

30 ans après que Léopold Sédar Senghor ait été élu à l'Académie française, Ousmane Sow, à son tour, a été élu en 2013 à l'Académie des Beaux-Arts et fut le premier Africain à rejoindre l'Académie.

Pour son intronisation à l'Académie des Beaux-Arts, le couturier Azedine Alaïa lui offre la création de son costume, et Ousmane Sow réalise lui-même la sculpture du pommeau de son épée : le saut dans le vide, en souvenir du jour où il décida d'arrêter son métier de kinésithérapeute pour se consacrer entièrement à la sculpture.

Il avait auparavant sculpté le pommeau de l'épée d'académicien de Jean-Christophe Rufin, représentant Colombe, personnage emblématique de son roman Rouge Brésil. Entre temps, Ousmane Sow s'essaye à la réalisation de bronzes, qui finit par le passionner, et pour lesquels il trouve une signature personnelle à travers leurs patines parfois très colorées. Plus de soixante bronzes, grands et petits, virent ainsi le jour.

Il restera hanté jusqu'à son décès le 1er décembre 2016 à l'âge de 81 ans par ces sculptures animées sur lesquelles il travaillait les derniers temps avec passion, tournant toujours autour du même visage, celui de l'Empereur fou.

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