Le climat social chez Air Mauritius (MK) continue de se détériorer, à en croire une lettre ouverte adressée par le président de l'intersyndicale, Ryan Ramsamy, au Chief Executive Officer (CEO) de la compagnie, Charles Cartier, vendredi. Dans cette missive, les syndicats dénoncent un manque de transparence, des retards récurrents dans les négociations et des décisions de gestion qui suscitent de vives inquiétudes parmi les employés. Le cas du responsable de communication, Atma Bumma, qui est toujours en poste après avoir pris un mois de congé pour la campagne électorale de l'Alliance Lepep, fait aussi l'objet de critiques au sein du personnel de MK.
L'un des points centraux soulevés par l'intersyndicale concerne les salaires des employés d'Airmate, une filiale d'Air Mauritius. Selon le syndicat, ces salaires continuent d'être pris en charge par MK, sans explication claire des implications financières. Une situation jugée préoccupante, d'autant que les employés souhaitent savoir où en est l'affiliation d'Airmate au sein du groupe. Autre point de tension : la gestion de Ground Handling Services (GHS), une entité sous la tutelle d'Airport Holdings Ltd. Les syndicats questionnent la prise en charge des salaires des employés de GHS et du nouveau responsable de cette structure. Ils dénoncent également des instructions verbales données à des employés de MK de report à des responsables extérieurs, leur donnant ainsi accès à des informations confidentielles de la compagnie.
Comptes financiers toujours pas publiés
L'absence de publication des comptes financiers pour l'exercice clos en mars 2024 est un autre sujet d'inquiétude. «Les employés sont privés d'une vision claire sur la situation financière de l'entreprise», déplore Ryan Ramsamy. Cette absence de communication de la part du président du conseil d'administration et du CEO de MK, dit-il, alimente les spéculations et renforce l'incertitude au sein des équipes. Rappelons qu'en octobre, Air Mauritius avait obtenu une prolongation auprès du Registrar of Companies, repoussant ainsi l'approbation de ces comptes jusqu'au 30 novembre 2024. Pourtant, lors de la dernière assemblée générale d'Air Mauritius (le 1er juillet 2024), le conseil d'administration s'était engagé à convoquer une assemblée générale extraordinaire avant fin septembre pour soumettre les comptes au 31 mars 2024, à l'approbation des actionnaires.
Le non-respect des accords précédemment conclus entre la direction et les syndicats est également au coeur des revendications. Ces accords visaient à protéger les droits et les conditions de travail des employés. Pourtant, selon l'intersyndicale, ces engagements ont été ignorés par la nouvelle équipe dirigeante. Le syndicat met également en lumière les tensions internes au sein de la direction de MK. Ces conflits, affirme-t-il, entraînent des répercussions directes sur le moral des employés. «Les travailleurs ne devraient pas payer le prix des désaccords entre les dirigeants», insiste Ryan Ramsamy.
L'intersyndicale critique la volonté de la direction d'intégrer les employés d'Airmate au sein d'Air Mauritius sans respecter les qualifications minimales requises selon la politique de l'entreprise. Les syndicats réclament aussi que les employés de GHS puissent bénéficier des mêmes opportunités d'intégration, tout en dénonçant la priorité accordée à ces recrutements au détriment des négociations sur le protocole d'accord (MoU). Face à ces multiples doléances auxquelles la direction de MK n'a toujours pas répondu, l'intersyndical appelle à la solidarité syndicale et remercie l'Air Mauritius Cabin Crew Association pour son soutien. «Nous encourageons tous les syndicats à se mobiliser pour défendre nos droits et exiger plus de transparence», conclut Ryan Ramsamy.