Le héros de l'indépendance de la République démocratique du Congo (RDC), aura souffert le martyre jusqu'au bout. C'est le moins que l'on puisse dire. Car, non seulement il a été assassiné dans les conditions que l'on sait.
Mais aussi son corps a été dissous dans de l'acide si fait qu'il n'a pas eu droit à une sépulture digne de ce nom. Il aura fallu plusieurs décennies après pour qu'un policier belge ayant participé à sa disparition, se vante de détenir une dent du supplicié. Saisie par la Justice belge, cette relique a été remise aux autorités congolaises qui, pour rendre hommage à ce digne et valeureux fils du pays, avaient décrété un deuil national de 72 heures.
Et, la dent en question a été placée dans un mausolée tout en béton situé au pied de la tour de l'Echangeur. Malheureusement, ce mausolée, à la surprise générale, a été vandalisé le 18 novembre dernier. S'agit-il d'un acte crapuleux ? Ou faut-il y voir un acte de sabotage ? Autant de questions que l'on peut se poser mais auxquelles il est, pour l'instant, difficile d'apporter des éléments de réponse. Surtout que les autorités, elles-mêmes, font montre de prudence, préférant attendre les conclusions de l'enquête en cours avant de se prononcer.
« Une enquête est en cours et il faudra attendre les résultats de la police pour en savoir plus », a lancé la ministre congolaise en charge de la culture, à des journalistes qui la pressaient. Mais en attendant, on ne peut que condamner cet acte qui, pour reprendre les termes du communiqué officiel, ne vise qu'à « désacraliser la sépulture du héros national ».
Les Congolais viennent de salir la mémoire de leur héros
C'est le lieu d'en appeler à la responsabilité des autorités congolaises qui doivent non seulement mettre un point d'honneur à situer les responsabilités dans cette affaire, mais aussi prendre les dispositions nécessaires pour assurer la sécurité du mausolée. Du reste, la pire des situations que redoutent les uns et les autres, c'est de s'entendre dire, à l'issue des enquêtes en cours, que la dent de Lumumba a été volée.
Auquel cas, le policier belge, présenté comme un bourreau, aura eu plus de mérite que les Congolais qui viennent de salir la mémoire de leur héros, pour ne pas dire qu'ils l'ont tué une seconde fois. En tout cas, la RDC voudrait prouver au reste du monde, qu'elle est un pays qui marche sur la tête, qu'elle ne s'y prendrait pas autrement.
Car, comment comprendre qu'au regard du combat qu'il a mené pour la libération et l'émancipation de son pays au point d'en payer le prix de sa vie, Patrice Lumumba soit traité comme une vulgaire personne qui, en plus d'avoir été exécuté avec la complicité de ses compatriotes, vient d'être humilié outre-tombe. Le comble de l'ignominie !