Dans la capitale et sa périphérie, la plupart des candidats aux élections communales et municipales ont choisi de démarrer leur campagne électorale en fanfare. La plupart ont opté pour des carnavals et des descentes dans la rue.
Une démonstration de force. En somme, c'est à quoi s'est résumée la première journée de la période de campagne électorale pour les élections communales et municipales.
À Antananarivo et dans les communes limitrophes, des candidats maires, leurs colistiers ainsi que leurs partisans ont opté pour un début de campagne tonitruant. Certains ont choisi des carnavals et des descentes dans la rue. Outre se faire entendre et se faire remarquer, les marches accompagnées de leurs partisans sont surtout une démonstration de force. Dans la capitale, notamment, trois candidats ont investi les rues durant cette première journée.
C'est le candidat Tahina Razafinjoelina qui a ouvert le bal des descentes dans la rue. Il a donné rendez-vous à ses colistiers et à ses partisans à son quartier général, à Soanierana, dès les premières heures. La consigne a été de s'habiller en blanc. Tous ont ensuite marché jusqu'à la place attenante aux grilles de l'entrée principale du stade Barea Mahamasina, où le candidat du parti « Tia Tanindrazana » et les figures politiques qui le soutiennent se sont succédé au micro pour tenir leurs premiers discours de campagne.
Cette première journée a aussi été le début des premières charges verbales. Comme il a été le premier à tenir une allocution de campagne, c'est encore le candidat Razafinjoelina qui a déclenché les premières salves. Il a décoché des scuds contre le camp du « Tiako i Madagasikara » (TIM). Tojo Ravalomanana, candidat du TIM, justement, lui a emboîté le pas pour descendre dans la rue.
Après avoir réuni ses partisans au Magro Behoririka, où se trouve son quartier général, le favori du TIM, toujours accompagné de son père, Marc Ravalomanana, et d'une foule de partisans, a entrepris une marche allant de Behoririka, en passant par Soarano, ensuite par l'Avenue de l'indépendance, pour remonter vers Andohan'Analakely et Ambohijatovo. Un itinéraire qui a valu au parti TIM « un avertissement » émis par la préfecture d'Antananarivo pour avoir tenu une propagande électorale dans une zone interdite.
Face-à-face
Selon les explications du général retraité Angelo Ravelonarivo, préfet d'Antananarivo, «l'Avenue de l'indépendance, au même titre que les zones des écoles et des hôpitaux, est une zone où il est interdit de faire campagne». Ces zones interdites à la campagne électorale sont définies dans un arrêté préfectoral, justement. La loi organique sur le régime général des élections et des référendums dispose justement que toutes activités de propagande électorale fassent l'objet d'une déclaration préalable. Pour les carnavals, les itinéraires précis doivent y être indiqués.
Le général Ravelonarivo en a aussi profité pour expliquer la présence massive des Forces de l'ordre sur l'esplanade de l'Hôtel de Ville Analakely. Selon le préfet d'Antananarivo, les Forces de l'ordre ont pour consigne de veiller à ce qu'il n'y ait aucun débordement ni d'éventuels affrontements, «mais non pas de se confronter à ceux qui font campagne». La première journée de campagne, hier, a justement été le théâtre des premiers face-à-face entre les supporters de différents candidats.
À Soarano, les militants du TIM et ceux de la coalition « Isika rehetra miaraka amin'i Andry Rajoelina » (Irmar) se sont hués mutuellement. De part et d'autre, les Orange et les Rouge ont scandé le nom de leur candidat respectif. Certains se sont même traités de noms d'oiseaux. Harilala Ramanantsoa, candidate de la coalition présidentielle, elle aussi, a opté pour une démonstration de force pour sa première journée de campagne.
Après s'être rassemblés devant le stade de Malacam, à Antanimena, les partisans du porte-étendard des Orange se sont dirigés, à pied, jusqu'au parking de la gare Soarano. Harilala Ramanantsoa y a tenu un show électoral avec, à ses côtés, plusieurs parlementaires et des figures du camp présidentiel. Un détail a attiré l'attention lors de cette sortie de la candidate de l'Irmar. Elle s'est présentée à ses partisans avec une rose rouge à la main. Une manière de souligner sa douceur en tant que femme, mais aussi le fait d'être incisive quand il le faut, car une rose a aussi des épines.
Dans la périphérie de la capitale, des candidats ont aussi investi les rues, et même les ruelles des quartiers. C'est le cas, par exemple, du candidat Jimmy Ranitratsilo, candidat maire dans la commune de Bemasoandro. Celui qui ambitionne de détrôner l'indéboulonnable Alphonse Rabefakatro, maire sortant aux multiples mandats, de Bemasoandro, a organisé un carnaval qui a démarré par une traversée en bateau de la rivière Ikopa jusque dans les quartiers de la commune où il a vécu toute sa vie.
Pour cette première journée de campagne, les sonorisations mobiles sont de sortie. Dans les communes rurales, notamment les quartiers généraux des différents candidats rivalisent en décibels et passent en boucle leur hymne de campagne. Les affiches et les oriflammes déjà sorties durant la précampagne, et même les publications sur les réseaux sociaux, sont désormais floquées de la mention « votez pour... ».