Lorsqu'on consulte les réseaux sociaux pour prendre connaissance de la liste des associations actives dans le domaine de la protection des animaux qui sont si nombreux dans notre pays à souffrir de maltraitance ou qui sont tout simplement livrés à la rue, même dans un état de grande souffrance ou, plus cruellement, comme les chatons, quand ils ne sont pas encore en état de survivre loin de leur mère, on est surpris par la multiplicité de ces associations.
Mais, à y regarder de plus près, on se rend compte que, malgré la bonne volonté de leurs promoteurs, tous des particuliers, ces associations sont confrontées à des difficultés, essentiellement d'ordre matériel, qui mettent en péril la poursuite de leurs activités déjà bien insuffisantes pour faire face à une situation qui s'aggrave de jour en jour, comme en témoigne la pléthore de chats «de gouttière» ou la multiplication des meutes de chiens errants. La bienveillance à l'égard des «bêtes muettes» heycha bakma qui ne savent donc pas exprimer leur détresse est pourtant ancrée dans notre tradition.
Les recommandations d'inspiration morale ou religieuse dans ce sens sont si nombreuses. Dans les écoles, la sollicitude à l'endroit des animaux était inculquée aux jeunes apprenants, en particulier à la faveur de leçons de lecture qui éveillaient en eux le sens de la compassion ou qui illustraient les qualités de ces êtres, tels que la fidélité à leurs maîtres et leur attachement qui peut aller jusqu'au sacrifice suprême.
Aziza Othmana citée en exemple
Le devoir de protection de ces êtres fragilisés par leur domestication par l'homme s'est fait ressentir par nos devanciers, depuis longtemps. On citera, à titre d'exemple, la princesse Aziza Othmana qui, déjà au XVe siècle, a inscrit la nourriture des chats errants de la capitale parmi les actions charitables à accomplir par la fondation, dirions-nous aujourd'hui, à laquelle elle a légué son immense fortune.
Plus près de nous, au début du XXe siècle, précisément le 6 avril 1910, un groupe d'intellectuels fondait une association qu'il a baptisée Société protectrice des animaux de Tunisie (plus réputée sous l'appellation SPA Tunisie).
Cette association, à l'origine composée essentiellement de résidents européens, tirait l'essentiel des ressources indispensables à l'exécution de ses missions des cotisations de ses nombreux adhérents et de sponsors divers. Le 31 mars 1926, elle a été déclarée par décret d'utilité publique. A ce titre elle a bénéficié de subventions provenant de la puissance publique, en particulier des communes dans lesquelles elle agissait. (A suivre).