Après un peu plus de six semaines de la fin de la saison 2024, People's Turf PLC (PTP), locataire exclusive du Champ-de-Mars cette année, n'a toujours pas restitué la propriété à Côte d'Or International Racecourse and Entertainment Complex Ltd (COIREC), qui contrôle l'hippodrome mythique de l'île. Mais ce ne serait apparemment plus qu'une question de temps avant que PTP ne vide les lieux.
Encore environ 15 jours. C'est le temps qu'il faudra pour que PTP enlève toutes ses structures au centre de l'hippodrome, notamment le paddock et les dizaines de boxes de chevaux aménagés aux abords du Tombeau Malartic. Du moins, c'est la réponse que nous avons obtenue du Deputy Chief Executive Officer (CEO) de PTP, Luvnish Bhageerutty. Quand on sait que PTP avait mis en avant le fait qu'elle avait demandé que la saison soit écourtée au 6 octobre dernier pour lui permettre de préparer son départ du Champ-de-Mars, on ne peut que s'interroger sur l'aspect chronophage de l'exercice.
Car en six semaines, c'est surtout l'enlèvement de son système d'arrosage, qui a monopolisé l'attention de l'organisateur. D'ailleurs, les images des travaux entrepris et les dégâts causés à la piste ont fait le tour des réseaux sociaux. Annoncé comme un «game changer» pour l'entretien de la piste du Champ-de-Mars, on peut légitimement s'interroger sur la véracité de la déclaration de PTP au vu de l'état lamentable dans lequel se trouve non seulement le gazon, mais aussi la piste en sable.
De toute évidence, soit les capacités de son système d'arrosage ont été largement survendues par PTP ou bien cette dernière ne s'est pas embarrassée à rendre les clés de l'hippodrome qu'elle a occupé, seule, toute l'année dans un état acceptable, comme tout bon locataire qui se respecte. Le Mauritius Turf Club (MTC), qui devrait récupérer l'usage du Champ-de-Mars, si l'on se réfère aux promesses de l'Alliance du changement en marge des législatives 2024, aura du pain sur la planche pour tout remettre à niveau.
À moins que la demande de l'organisateur historique pour reprendre le contrôle de l'hippodrome ne soit approuvée car à ce stade, la COIREC n'a toujours pas communiqué sur la question. Le time frame de deux semaines est-il pour autant faisable pour PTP? Une visite du Champ-de-Mars, mardi matin, laisse pour le moins sceptique, à moins que PTP ne mette les bouchées doubles. Mais encore ! Sans aucune pression des autorités concernées, l'organisateur continuera à avancer à son rythme...
∎ Six semaines après la fin de la saison, les boxes des chevaux n'ont toujours pas été démolis.
Vaisseau fantôme
Mais qu'en est-il de la COIREC? Après avoir laissé PTP faire la pluie et le beau temps au Champ-de-Mars, cette instance, qui tombe sous l'égide du Prime Minister's Office (PMO) n'a rien trouvé à redire sur les agissements du horseracing organizer, hormis une tentative tardive pour démontrer que cet organisme respire encore en portant plainte contre PTP pour les travaux entrepris pour retirer son système d'arrosage automatique.
Qu'on se le dise, la communication n'a jamais été le fort de la COIREC depuis sa création en avril 2022. Une demande d'interview de son CEO, envoyée par la rédaction en mars 2024 (!), attend toujours une réponse. «On va vous rappeler», est devenu la réponse récurrente à chacune de nos relances. Autant dire qu'en termes de transparence et d'accountability, il faudra repasser. Comment oublier également l'épisode de l'éclairage de la piste pour les besoins de l'entraînement matinal et où il a fallu le matraquage de tous les médias hippiques du pays pour que la COIREC sorte de sa léthargie.
Un petit tour sur la page web de la COIREC nous apprend que l'entité «was incorporated on 29 April 2022 as a private company to spearhead the development of a Leisure and Entertainment Complex at Côte d'Or, which will also include a new racecourse of international standards...The objective of the company is to create an innovative Leisure and Entertainment Complex, which will include an international racecourse that features a full season of exceptional horseracing, anchors a contemporary real estate development and provides high-end leisure and entertainment activities and other related amenities. The development will include various types of modern housing options such as villas, townhouses, apartments and green spaces».
Si l'échec de la COIREC pour maintenir le Champ-de-Mars dans un état correct ne souffre d'aucune contestation, le manque de développement au nouvel hippodrome à Côted'Or, ou du moins l'exercice de communication autour d'un sujet aussi important pour l'avenir des courses à Maurice, est encore plus assourdissant. Si le projet a apparemment fait du surplace en deux ans, celui de Jean-Michel Lee Shim à Petit-Gamin a, lui, avancé à vitesse grand V. Devrait-on y voir une relation de cause à effet ?
À l'heure où la nouvelle équipe gouvernementale, sous la direction du Dr Navin Ramgoolam, fait le ménage dans toutes les institutions étatiques du pays, peut-être qu'il serait grand temps pour le Premier ministre de s'appesantir également sur le cas de la COIREC, qui engloutit des fonds publics avec quasiment aucun bilan à la clé...