L'Observatoire de la liberté de la presse en Afrique recommande au président du Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication (CSAC) à instruire la Coordination provinciale de cette institution d'appui à la démocratie de rapporter son acte du 18 novembre 2024, qui étouffe toute opinion critique envers les dignitaires du régime et qui menace gravement la liberté de presse garantie par la législation nationale et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l'homme.
Dans une lettre adressée au président du Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication, l'organisation non gouvernementale de défense et de promotion de la liberté de presse basée à Kinshasa, l'Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa) a fustigé les pressions exercées sur la Radiotélé Océan Pacifique (RTOP), station privée émettant à Mbuji-Mayi, et des mesures jugées excessives de la Coordination provinciale du CSAC/Kasaï-Oriental contre le journaliste Willy Tshimbalanga Kabeya, présentateur de l'émission intitulée : « Lubila Lua Muena ntanda » (Cri du peuple). « Olpa proteste vigoureusement contre les pressions administratives exercées par la Coordination provinciale du CSAC/Kasaï-Oriental et le Bureau de l'Assemblée provinciale sur la RTOP...
Il en est aussi des mesures, à la limite controversée, qui frappent Willy Tshimbalanga Kabeya, journaliste présentateur de l'émission : "Lubila Lua Muena ntanda", traduction en français : "Cri du peuple" diffusée sur les antennes de la RTOP... », peut-on lire dans cette correspondance signée par la secrétaire exécutive par intérim de l'Olpa, Chancelle Nsingi.
Dans sa lettre, Olpa a, en effet, indiqué que, par son acte n°001 du 18 novembre 2024, la Coordination provinciale du CSAC/ Kasaï-Oriental a décidé de supprimer l'émission précitée des antennes de RTOP et de suspendre Willy Tshimbalanga de micros de toutes les stations de radios et des télévisions émettant au Kasaï-Oriental, pour une durée de 75 jours.
Et de préciser que cette décision est consécutive à la diffusion de l'édition du 9 novembre 2024, de l'émission précitée. Au cours de cette émission, a expliqué Olpa, le journaliste a évoqué l'expropriation de plusieurs parcelles sur les avenues Dodoma et Zaïre, dans la commune de Bipemba, en vue de l'agrandissement de l'aéroport de Mbuji-Mayi.
« Il a déploré la situation difficile dans laquelle vivent plusieurs familles qui n'ont pas été indemnisées, alors que le gouvernement avait débloqué une importante somme de trois millions de dollars américains pour cette fin. Willy Tshimbalanga a émis des critiques sur l'action du Parlement provincial dans ce dossier qualifiant l'implication du vice-président de l'Assemblée provinciale de travail de honte et comparant la séance plénière de l'assemblée du 2 novembre 2024 à un sketch ou aventure de mauvais goût », a expliqué cette organisation.
Et de continuer : « Irrités par les propos du présentateur de l'émission, des proches collaborateurs des membres du bureau de l'Assemblée provinciale ont exercé des pressions intenses sur la personne d'Erick Mulumba Kabata, coordonnateur de RTOP, exigeant la suspension de l'émission et du journaliste ».
Une violation flagrante de la loi
Olpa a indiqué que le journaliste a réceptionné, le 12 novembre 2024, un courrier du responsable de la radio portant suspension à durée indéterminée de l'émission, avant d'introduire un recours, le 14 novembre 2024, afin d'obtenir la levée de cette mesure jugée inopportune. Et, la Coordination provinciale du CSAC, qui s'est saisie d'office dans ce dossier, a sanctionné à la fois l'émission et le journaliste, évoquant une récidive d'il y a 5 ans.
Pour cette ONG, la décision du CSAC est en violation des dispositions de la loi n°11/001 du 10 janvier 2011 portant composition, attribution et fonctionnement du régulateur et du Règlement intérieur de cette institution d'appui à la démocratie.
« Les dernières décisions de la Coordination provinciale énervent également les dispositions de la loi n°23/009 du 13 mars 2023 fixant les modalités de l'exercice de la liberté de la presse, d'information et d'émission par la radio, la télévision, la presse écrite ou tout autre moyen de communication en République démocratique du Congo », a insisté Olpa.
Et d'appeler le président de cette institution à instruire la Coordination provinciale du CSAC de rapporter cet acte du 18 novembre 2024 qui étouffe toute opinion critique envers les dignitaires du régime et qui menace gravement la liberté de presse garantie par la législation nationale et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l'homme.