Originaire du Congo, Sarah Marie-Chantal Andely est une passionnée d'art et de culture locale depuis l'enfance. Plutôt que de suivre une carrière artistique, elle a choisi d'accompagner les artistes congolais et de faire rayonner les talents de son pays natal dans ses deux terres d'adoption : le Canada et les États-Unis. Avec son association Moyi Arts Concept, puis avec une initiative d'art international, Sarah œuvre à concrétiser une vision ambitieuse : partager la richesse culturelle du Congo avec le monde. Entretien avec une femme engagée dans la promotion de l'art congolais à l'international.
Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Qu'est-ce qui est à l'origine du projet Moyi Arts?
Sarah Marie-Chantal Andely (S.M.C.A.) : Le projet Moyi Arts est né en 2013 comme une mission divine mais a vu le jour officiellement en 2022 en vue de promouvoir les arts du Congo et, par la même occasion, contribuer à faire connaître davantage mon pays, souvent confondu avec la République démocratique du Congo (RDC) à l'échelle internationale.
Ayant vécu aux Etats-Unis d'Amérique et au Canada pendant près de 20 ans, où j'ai effectué des études en relations internationales et travaillé, j'ai constaté que le Congo était et est toujours confondu avec la RDC. Très peu de personnes maîtrisent la localisation de mon pays dit le Congo français. Lorsque je vivais aux Etats-Unis et au Canada, j'avais pour habitude d'organiser des rencontres dans des écoles et autres centres culturels pour faire connaître le Congo-Brazzaville. Les gens étaient toujours surpris car, pour eux, les deux Congo étaient pareils et identiques.
L.D.B.C. : En parlant de la promotion des arts, de quels arts s'agit-il exactement?
S.M.C.A. : Pour le moment, Moyi Arts Concept se focalise essentiellement sur la peinture ainsi que la sculpture. Nous ambitionnons dans un futur proche de promouvoir les danses traditionnelles telles que le Kiebé Kiebé, originaire de la Cuvette, l'histoire orale de différentes ethnies, le cinéma et la littérature congolaise. Je tiens à préciser que je suis toujours en extase de nombreux talents artistiques dont notre beau pays le Congo regorge.
L.D.B.C. : Combien d'artistes congolais avez-vous déjà promu aux Etats-Unis ? Et pour ceux qui souhaiteraient bénéficier des actions de l'association, quelle est la procédure à suivre ?
S.M.C.A. : À ce jour, certains « vrais et rares connaisseurs » connaissent le regretté grand maître Marcel Gotène, qui a pour réputation d'être le "Picasso congolais." J'avoue que beaucoup d'artistes du Congo sont toujours méconnus du grand public américain. En ce moment, nous travaillons dur avec les centres culturels en Amérique du Nord pour promouvoir les artistes tels que Mongo Etsion, Antoine Sita, Adam Opou, Pascaline Makoundou, Cyrille Bokotaka, Motse Akanati, Yves Mokomba, Jacques Iloki, Mpo Gerly, Sylvestre Mandgouandza, etc. Ils sont très nombreux et je ne pourrai pas citer tout le monde. Chaque artiste a un talent unique et le marché américain est très large pour pouvoir absorber leurs différents styles de peinture.
En juillet dernier, nous avons organisé à Brazzaville un atelier « Jeunes talents » pour les artistes dans le but de détecter les nouvelles forces montantes de l'art congolais. En août dernier aussi, à Washington DC, Moyi Arts concept a organisé une petite exposition à Touchstone Gallery regroupant les oeuvres d'art de différents artistes congolais. Le thème était « Découvrir la mine artistique du Congo-Brazzaville ».
Pour ceux qui souhaitent bénéficier de nos actions ou faire connaître leur art sur le plan international, ils devront nous fournir une lettre manuscrite adressée à la présidente de Moyi Arts concept, au 1982 rue Bangou, Batignolles, Brazzaville, détaillant l'objet de leur requête. Cette lettre sera envoyée à moyiartsconceptllc@gmail.com. A cela s'ajoutent une copie du CV complet de l'artiste ou du promoteur culturel ; une copie de la pièce d'identité de l'artiste ou du promoteur culturel et enfin une copie digitale du portefeuille artistique du requérant résumant les anciennes expositions, conférences ou interviews dans les médias.
L.D.B.C. : Quel est le bilan de Moyi Arts en cette année 2024 ?
S.M.C.A. : Je dirai que le bilan de Moyi Arts Concept pour l'année 2024 est plutôt positif bien que les résultats escomptés restent néanmoins modestes. Outre les deux activités mentionnées en amont, Moyi Arts Concept a également participé au Festival d'Art de Newark, au New Jersey, et au Festival d'art noir contemporain à Miami, en Floride. Nous sommes encore en lice pour faire valoir la voix de l'art congolais en Amérique du Nord mais nous y parviendrons.
L.D.B.C. : Quelle est la prochaine étape pour Moyi Arts ?
S.M.C.A. : Nous prévoyons, entre autres, de nous faire connaître auprès des institutions culturelles aux Etats-Unis et au Canada et établir un réseau solide. L'art noir contemporain et même primitif reste un marché potentiel pour la bourgeoisie américaine qui le trouve très exotique et très unique. Dans les prochains mois, Moyi Arts Concept a pour but d'organiser une exposition regroupant les artistes femmes du Congo. La femme est une actrice principale dans le développement de toute nation. Ainsi, à travers une expression artistique, promouvoir les droits de la femme sera une occasion parfaite pour sensibiliser la gent féminine à travers le monde au tour de certaines injustices faites à son égard.