Tunis — « Le plagiat scientifique constitue un crime grave et un vol intellectuel reflétant un manque de respect pour l'honnêteté scientifique », ont souligné les participant à une journée de sensibilisation sur « la lutte contre le plagiat scientifique », tenue, jeudi, au siège de l'Organisme tunisien des droits d'auteur et des droits voisins (OTDAV) à Tunis.
Des universitaires et fonctionnaires au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ont pris part à cette rencontre organisée en partenariat entre l'OTDAV qui est un Organisme relevant du ministère des Affaires Culturelles et le Laboratoire de recherche sur la culture, les technologies modernes et le développement (CUNTIC), à l'Institut Supérieur de musique de Tunis.
Ce rendez-vous s'inscrit dans le cadre des efforts visant le renforcement de l'honnêteté scientifique et la protection des droits d'auteur dans le domaine académique, ont fait savoir les organisateurs.
A cette occasion, un accord de coopération et de partenariat a été signé entre l'OTDAV et le CUNTIC en vue de sensibiliser les établissements d'enseignement supérieur aux droits de propriété littéraire et artistique. Cet accord ambitionne de motiver les universités et les institutions académiques tunisiennes à adopter des pratiques respectueuses des droits de la propriété intellectuelle et littéraire.
Le directeur de l'OTDAV, Ramzi Garouachi, a déclaré que les efforts se poursuivent entre le ministère des Affaires Culturelles et celui de l'Enseignement Supérieur et de la recherche scientifique, en vue de renforcer la coopération entre les établissements d'enseignement supérieur en matière des droits de propriété littéraire et artistique dans le secteur du savoir et de la recherche académique.
∎ Le Plagiat : défi majeur dans le milieu académique
Samir Becha, responsable du Laboratoire de recherche sur la culture, les technologies modernes et le développement (CUNTIC), a présenté l'évènement qui constitue la première activité du Laboratoire pour la saison 2024-2025. « La journée s'insère dans le cadre des orientations stratégiques du ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique visant à lutter contre le phénomène du plagiat scientifique et à garantir l'intégrité de la recherche académique », a-t-il indiqué.
L'universitaire a souligné que « le plagiat constitue un crime à caractère délibéré » ayant de graves conséquences ». Il a mis en garde contre le recours à cette pratique non conforme à l'intégrité et l'éthique scientifique pouvant affecter « la santé psychique et la réputation professionnelle de la victime ». « Ses effets négatifs peuvent durer assez longtemps, a-t-il souligné.
Samir Becha a affirmé que « le phénomène du plagiat scientifique est l'un des plus grands défis auxquels sont confrontés les universités et les établissements d'enseignement supérieur en Tunisie. « Au-delà de son impact sur la crédibilité et la qualité de la recherche scientifique, le plagiat scientifique affecte également la confiance entre l'étudiant et le professeur ».
« En cas de plagiat scientifique, la réputation de l'établissement d'enseignement pourrait également être mise en jeu, a-t-il expliqué, en lien notamment avec l'efficacité de ses programmes de recherche ».
Samir Becha est revenu sur l'histoire de « la législation en matière de lutte contre le plagiat qui date de 1889 affirmant que ce cadre législatif toujours en vigueur prévoit des sanctions sévères » qui sont appliquées contre le plagiaire. Toute personne ayant recours à cette pratique en « s'appropriant une oeuvre littéraire, technique ou artistique encoure une sanction qui peut aller jusqu'à deux ans de prison », a-t-il dit.
Conformément aux exigences de la recherche académique et à l'éthique scientifique, le plagiat est généralement reconnu dans les cas où le chercheur ou l'étudiant publie ses travaux sans aucune mention exacte de la source des textes, données ou graphiques accompagnant son projet de recherche.
∎ L'enjeu d'éthique dans la recherche scientifique
Le Directeur général de la recherche scientifique au ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Mourad Bellasoued, s'est attardé sur la question d'éthique dans la recherche scientifique et les principes fondamentaux régissant le domaine de la recherche.
« L'intégrité scientifique est l'un des principes fondamentaux sous-tendant l'éthique de la recherche, a expliqué Bellasoued affirmant que la véritable recherche scientifique obéit à des critères tels que l'exactitude, l'honnêteté intellectuelle ainsi que le respect des normes et lois en vigueur ».
Le Directeur général de la recherche scientifique a affirmé que le renforcement de l'éthique dans la recherche scientifique « est une responsabilité collective entre les chercheurs et les institutions de recherche à travers notamment des actions de la sensibilisation et la formation continue ».
« En cas de violation de ces principes éthiques, des sanctions dissuasives doivent être appliquées par les institutions de recherche », a-t-il conclu.
La Journée était axée sur diverses thématiques en particulier le plagiat scientifique et son impact sur la qualité de l'enseignement et de la recherche, la protection des droits d'auteur, l'intégrité et la transparence de la recherche académique, l'utilisation de l'Intelligence Artificielle et les outils de détection du plagiat scientifique.