Alors que les campagnes électorales pour les communales sont lancées depuis trois jours, et battent leur plein, l'Assemblée nationale de Tsimbazaza peine à remplir ses bancs.
L'absentéisme des députés pointe de nouveau son nez à la Chambre basse, suscitant des interrogations sur la priorisation des responsabilités publiques. Depuis le début de la période de campagne et de pré-campagne, les couloirs de l'Assemblée nationale peinent à retrouver leur légendaire ambiance bruyante, animée par les élus. Selon des sources concordantes, certains députés, particulièrement ceux impliqués dans les joutes électorales en tant que candidats ou soutiens, désertent l'hémicycle pour s'investir pleinement dans les activités de campagne dans le cadre des municipales et communales.
Absences répétées
Entre obligations locales et responsabilités nationales, pour certains parlementaires, l'enjeu local prend temporairement le pas sur leurs fonctions nationales. « En tant qu'élus, nous devons soutenir nos bases électorales, surtout lorsque nos circonscriptions sont en jeu », confie un député sous couvert d'anonymat. Mais cette justification ne convainc pas tout le monde. Les citoyens s'interrogent alors sur la légitimité de ces absences répétées, considérées comme une négligence de leur mandat parlementaire.
Afrique
Cet absentéisme affecte le travail législatif. Des projets de loi importants, notamment les réformes économiques, peinent à rameuter tous les élus de la Chambre basse. Comme c'était le cas lors de l'adoption en plénière du projet de loi 021/2024 autorisant la ratification de l'Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) durant laquelle peu de députés sont venus pour examiner, débattre et adopter ce texte qui va précipiter l'intégration de Madagascar dans le vaste marché africain.
Pourtant, la ZLECaf se présente comme un dispositif de mécanisme d'échanges commerciaux d'une grande importance, aux multiples enjeux, au niveau du continent africain qui peut avoir ses avantages et ses inconvénients pour l'économie du pays dans les prochaines années. Mais apparemment, le sujet n'attire pas l'attention des 163 députés du pays.
Efficacité compromise
Compte tenu de ce fait, l'examen de certains textes de lois peut aussi accuser des retards par rapport aux initiatives et l'agenda estimé par le gouvernement. Notamment pour le cas du projet de Loi de finances initiale 2025. Sauf changement, les travaux de commission vont débuter le mercredi 27 novembre prochain avant de passer en adoption en plénière le vendredi 29 novembre.
Alors que dans les grandes démocraties, comme certains pays d'Afrique, l'adoption du budget de l'État est toujours précédée par de profonds examens d'une large majorité des membres du Parlement à travers la tenue des multiples séances plénières. Mais, le cas malgache risque de faire, encore une fois, la différence avec des députés qui sont actuellement beaucoup plus préoccupés par les enjeux politiques locaux dans le cadre des municipales et communales. Et si les retards s'accumulent, l'efficacité de l'Assemblée peut être compromise.
Régulation des absences
« La situation est préoccupante. Nos élus risquent de perdre davantage la confiance de la population s'ils ne remplissent pas leurs obligations », déplore un observateur politique. Le problème est pourtant récurrent. Ce phénomène d'absentéisme n'est pas nouveau. Lors des périodes électorales, les institutions sont souvent paralysées par l'implication des élus dans les campagnes. Comme en novembre 2023 où l'Assemblée nationale, alors en session ordinaire, a dû suspendre une grande partie de ses activités législatives à cause de la campagne présidentielle qui s'est déroulée au même moment.
Et cela malgré les appels réguliers de certains observateurs et autres membres de la société civile pour mieux encadrer les absences des députés. Et rares encore sont les interventions des patrons de la Chambre basse afin de plaider une meilleure régulation des absences des députés pendant les périodes électorales. Reste à savoir alors si cette période électorale provoquera enfin des réformes structurelles ou si les pratiques actuelles perdureront, au détriment de la gouvernance nationale.