Congo-Brazzaville: Armel Luyzo Mboumba - « Etre une femme et faire la photo au Congo, c'est possible »

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La photographie est un secteur dynamique qui a traditionnellement été dominé par les hommes. Cependant, les femmes photographes sont désormais plus présentes dans ce milieu. De nos jours, les elles repoussent les limites dans de nombreux secteurs et la photographie n'échappe pas à la règle. Photographe et cinéaste congolaise, Armel Luyzo Mboumba s'impose progressivement dans cet art. Pétrie de talents, elle embrasse ce métier et se démarque des autres de par ses multiples œuvres et expositions. Dans ce numéro, elle nous donne les contours de ce métier au Congo.

La genèse

J'ai découvert mon amour pour ce métier à l'âge de 9 ans par le biais de ma mère. À ce moment-là, la photographie est devenue pour moi un moyen de comprendre le monde qui m'entourait. La caméra est devenue mon compagnon, mon refuge. Au fil des années, cette passion est devenue une nécessité et m'a permis de capturer la beauté et la complexité de la vie congolaise, à travers une lentille qui mêle poésie et réalisme.

Le métier de photographe au Congo

De nos jours, la photographie trouve un nouveau tremplin avec une nouvelle génération d'artistes photographes déterminés à faire émerger ce métier qui, au Congo, gagne en valeur. Pour Armel, être photographe, c'est bien plus qu'un métier. C'est une aventure humaine, une quête pour documenter l'invisible, pour montrer ce que beaucoup ne voient pas. Bien qu'un terrain de défis, le métier de photographe au Congo n'est pas toujours valorisé. Le manque de structures adéquates et de soutiens est un frein pour les artistes de ce milieu qui, malgré les difficultés, sont déterminés à raconter des histoires, partager des émotions à travers l'image.

La femme et la photographie

En constante mutation, le métier de la photographie voit de plus en plus de femmes s'y consacrer et quelques-unes avoir de la renommée. Selon Armel, la place de la femme dans ce métier reste encore fragile, mais elle se construit lentement, pas à pas malgré les stéréotypes et les résistances. Les femmes apportent une perspective unique, plus intime, souvent plus émotionnelle dans la manière de capter le monde.

Elle explique le quotidien dans ce métier

« Être une femme dans ce métier, au Congo, c'est vivre une aventure à la fois exaltante et compliquée. Parfois, je sens que l'on me regarde avec un certain scepticisme, comme si mon travail devait prouver ma légitimité, plus que celle de mes collègues masculins. Mais c'est aussi ce qui me pousse à aller plus loin, à me dépasser. La photographie est un miroir de la société, et en tant que femme, j'ai cette envie de raconter l'histoire des femmes, mais aussi de montrer que nous avons une place légitime dans tous les domaines, même dans l'art. C'est une lutte silencieuse, mais elle est nécessaire », souligne Armel.

Elle parle des stéréotypes

A ce propos, les femmes photographes sont encore régulièrement soumises à des stéréotypes de genre, luttant souvent pour être pleinement acceptées et respectées pour leurs compétences techniques et leurs réalisations artistiques. Le secteur de la photographie évolue vers une répartition équilibrée entre hommes et femmes. Il est donc important de briser tous les stéréotypes y relatifs surtout ceux liés au genre. « Les stéréotypes existent, c'est une réalité. En tant que femme, je dois constamment prouver que je suis capable, que ma place est légitime... La photographie est mon langage. Et à travers ce dernier, je brise petit à petit les chaînes de l'invisible, du non-dit et du stéréotype », précise Armel Luyzo Mboumba.

Quelle importance accordent les autorités congolaises face à ce métier ?

« Il y a une reconnaissance timide, mais pas encore suffisante. Le Congo a un immense potentiel créatif, mais la culture artistique, et surtout la photographie, n'est pas toujours perçue à sa juste valeur. Pourtant, il y a de petites avancées, comme la multiplication des festivals et des événements qui mettent en avant le travail des artistes. Les autorités commencent à voir que la culture est un secteur porteur, mais il manque encore de véritables politiques de soutien. Je pense qu'il est nécessaire que les artistes, et en particulier les photographes, aient plus de ressources pour créer, pour être formés et pour exposer leur travail au niveau national et international », a- t-elle lancée.

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