Le nouveau militant du Rdpc, surnommé « le buldozer du développement », aurait été engagé en renfort pour des luttes internes au parti de Paul Biya en vue de terrasser le Dr Jules Hilaire Focka Focka, originaire de Bafoussam et actuel président du conseil régional de l'Ouest. L'édile de Bafoussam Ier vient aussi pour jouer contre les partisans du Pr Maurice Kamto, à la veille de la présidentielle de 2025.
Le vendredi 14 novembre dernier, invité par Merlin Martial Tiemdjo, présentateur de la tranche d'animation de 10 à 12 heures sur la radio communautaire Fussep Fm ,Bafoussam, Diderot Tadda, présenté comme observateur politique local, s'est investi à justifier le ralliement du maire Cyrille Ngnang au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), comme un choix dicté par «les enjeux du jeu politique ».
Des enjeux qui, au plan local, sont matérialisés, ces jours-ci, par la mise à disposition par le Fond d'intervention intercommunale (Feicom) au bénéfice de la commune de Bafoussam Ier d'une enveloppe de 590 millions de francs Cfa pour la finition de l'hôtel de ville de Bafoussam Ier. Un édifice qui permettra à Cyrille Ngnang de faire entrer son nom dans l'histoire de cette municipalité créée après la reforme des collectivités territoriales décentralisées en 2007 suite à la loi d'orientation générale de la décentralisation de juillet 2004.
Une alliance incestueuse depuis des années
Au-delà de la pérennisation de ce joyau architectural, certains observateurs, notamment des auditeurs de la radio communautaire Fussep, soulignent que Cyrille Ngnang tirera des avantages financiers suite au jeu des retro commissions qui semble gouverner ce genre d'opération au Cameroun. En tout cas, Diderot Tadda, au nom du maire Cyrille Ngnang, n'a ni infirmé ni infirmé un tel discours.
Pour lui, Cyrille Ngnang est allé au Rdpc pour mieux servir les habitants de la commune de Bafoussam Ier. Et pour lui, le développement n'a point de coloration partisane. C'est dans d'ailleurs dans cette logique qu'il a significativement contribué à la réhabilitation de l'école publique de Djeleng V par le Cercle des amis du Cameroun (Cerac), un mouvement piloté par la Première dame, Chantal Biya, courant le mois de septembre dernier.
Ce soutien ordonné par Cyrille Ngnang en direction d'un mouvement localement dirigé par Célestine Ketcha Courtes, ministre de l'Habitat et du développement urbain (Mindhu) n'est point gratuit. Car, en retour, l'édile de Bafoussam Ier, attend jouir de la magnanimité de ce membre du gouvernement lors du transfert des compétences et des moyens du Mindhu à certaines collectivités territoriales décentralisées pour les travaux d'aménagement urbain.
En tout cas, cette coopération augurait que le maire élu sous la bannière du Front social démocrate (Sdf en anglais) avait déjà arrêté son projet d'officialiser, en date du 06 novembre 2024, sa camaraderie politique avec Célestine Ketcha Coutes, Emmanuel Nzété et Sylvestre Ngouchinghé.
Coordonnateur de la délégation permanente départementale du comité central du Rdpc dans la Mifi, membre du bureau du sénat et patron de la société Congelcam Sa, le milliardaire aurait basculé de tout son poids pour ramener Cyrille Ngnang et compagnie dans les rangs du parti au pouvoir. Une action menée avec la bénediction du gouverneur de la région de l'Ouest, Awa Fonka Augustine. Cette autorité administrative ne porte pas à coeur le Dr Jules Hilaire Focka Focka, actuel président du conseil régional de l'Ouest et ancien maire de la commune de Bafoussam Ier.
Pour le musèlement du Dr Jules Hilaire Focka Focka
D'ailleurs, lors des élections municipales de février 2020, les autorités administratives appuyées par Sylvestre Ngouchinghé et Emmanuel Nzété auraient soutenu Cyrille Ngnang, alors candidat du Sdf, afin qu'il remporte avec un écart de 200 voix face à la liste du Rdpc conduite par Jules Hilaire Focka Focka.
Des sources introduites font savoir que ce soutien s'est poursuivi au niveau de la chambre administrative de la recours suprême-une instance judiciaire inféodée à l'exécutif Rdpc- qui, au final, a tranché pour maintenir Ngnang et son équipe à la commune de Bafoussam Ier en rejetant le recours en annulation introduit par Jules Hilaire Focka Focka du Rdpc. Une défaite du Rdpc saluée par le milliardaire qui, dans certains milieux, traite le Dr Jules Hilaire Focka Focka de « médecin vantard ».
Le milliardaire compte aussi sur le recrutement de Cyrille Ngnang pour neutraliser le Mouvement pour la renaissance du Cameroun(Mrc) dont les militants, au veau de la commune de Bafoussam Ier, restent des soutiens inconditionnels à la candidature du Pr Maurice Kamto dans le cadre du prochain scrutin présidentiel annoncé pour octobre 2025.
Enigme sur le cas de Me Joseph Lavoisier Tsapy
En contre partie de cet arrangement juridictionnel, Cyrille Ngnang et son équipe ont voté pour Roger Tafam, un protégé de Sylvestre Ngouchinghé, lors de l'élection du maire de la ville de Bafoussam, en février 2020. Toujours dans la logique de cette relation, apparemment incestueuse, Cyrille Ngnang et les 58 conseillers du Sdf ont voté pour la liste conduite par Sylvestre Ngouchinghé lors des élections sénatoriales de 2023.
«Nous étions déjà liés. On était obligé de signer notre engagement au Rdpc. 48 membres du conseil municipal ont signé. Seuls 11 élus locaux ont refusé de suivre le maire Ngnang surnommé le bulldozer du développement grâce à ses nombreuses réalisations au profit des populations de la commune de Bafoussam Ier.
De nombreux militants du Sdf nous ont rejoints. Ils ont été solidaires au maire Ngnang suite à son exclusion du Sdf avec les membres du G27 signataires d'une pétition qui n'avait pas plu à la direction du Sdf. Me Joseph Lavoisier Tsapy a aussi signé, même s'il n'a pas manifestement publiquement son ralliement le 06 novembre dernier », explique une source introduite. Une autre source fait savoir que sous la pression de Jean Nkueté, secrétaire général du comité central du Rdpc, ce brillant avocat dont les positions antisystèmes et iconoclastes ne constituent point un secret pour les téléspectateurs de l'émission dominical Droit de Réponse sur équinoxe télévision, aurait cédé...
Mais, l'ancien conseiller juridique national du Sdf voudrais immédiatement faire marche arrière pour éviter le ridicule, vu la notoriété de son discours anti-Biya... Joint au téléphone par nos soins, Me Joseph Lavoisier Tsapy, s'est refusé de toute déclaration à la presse. « Je vais donner officiellement ma position le moment opportun», conclut-il.
Kengne Kayo « Ils sont allés au Rdpc pour continuer à faire leur commerce politique »
Ancien conseiller municipal Sdf à l'ex commune urbaine de Bafoussam et aujourd'hui président national des Forces panafricanistes, il dénonce la trajectoire suivie par Cyrille Ngnang et autres.
Kengne Kayo est un transfuge du Front social démocrate (Sdf en anglais). La cinquantaine entamée ce militant politique et vendeur des matériaux de construction, est bien connu pour avoir dénoncé les dérives portées par le chairman John Fru Ndi lors du congrès de ce parti tenu en 2006 et débouchant sur la mort de Vincent Diboulé, un militant anti-Fru Ndi et pro Bernard Muna. Après un court séjour comme militant de l'Alliance des forces progressistes(Afp), Kayo Kengne a radicalisé son discours et ses actions politiques. Pour cela, il a fait la prison courant 2009-2010 pour avoir via la chaine de télévision Afrique Media, appeler les populations à un soulèvement populaire.
Je suis resté inflexible
Terrassé par plusieurs accidents des circulations et plus de 70 arrestations irrégulières, il tient debout et défend avec énergie ses convictions politiques pour l'alternance au sommet de l'Etat au Cameroun. Aujourd'hui, il se présente comme leader des forces panafricanistes et se dit engagé, radicalement, pour l'alternance au sommet de l'Etat en 2025. « Le Rdpc et Biya, c'est la fin... Que vont-ils chercher dans parti au pouvoir. En fait, ils démontrent qu'ils ont été toujours des commerçants infiltrés ou enrôlés dans l'opposition pour chercher de quoi manger. Ils font l'opposition du tube digestif. Etant au Sdf, j'ai dénoncé cette posture chez certains camarades. Cela m'a valu des flèches. Je suis resté inflexible. Je veux le changement et l'amélioration de la gouvernance », soutient-il.
Il poursuit en relevant que pendant toutes les consultations électorales tenues depuis le retour du Cameroun au multipartisme, il ne s'est jamais lassé de combattre la machine de fraude du Rdpc. « J'ai plusieurs fois risqué ma vie pour démonter les fraudes du Rdpc pendant les élections législatives et municipales. Ces imposteurs élus au nom de l'opposition et qui rejoignent le Rdpc parce que nous leur avons s donné une valeur marchande veulent ternir l'image des vrais opposants.
Ils font fausse route. Le peuple n'est pas dupe. Ils savent discerner. Ces gens qui rejoignent le Rdpc n'ont jamais été des opposants. Au mieux, ils étaient des opposants sur les plateaux de télévision et des nuisibles pour les actions révolutionnaire sur le terrain. Je connais très bien tous ces opportunistes, militants du positionnement politique qui sont allés au Rdpc, mais par décence, je ne vais pas citer des noms », explique-t-il.
Ils ont passé leur temps à magouiller
« Ils sont allés au Rdpc pour continuer à faire leur commerce politique. Sinon, pourquoi exclus du Sdf, ils n'ont pas cherché à rejoindre une autre formation politique de l'opposition pour poursuivre la lutte contre le système Biya », dénonce-il. « J'ai été élu conseiller municipal en janvier 1996. J'étais parmi les plus jeunes conseillers. Les caciques du Rdpc et les autorités administratives m'ont tout proposé pour renoncer à mon engagement antisystème Biya, je ne l'ai jamais fait.
En 2002, j'ai été encore élu au conseil municipal. J'appartenais à l'aille radicale et minoritaire. Les autres conseillers Sdf étaient de l'opposition collabo. Ils ont passé leur temps à magouiller avec les autorités administratives pour discréditer l'opposition. J'ai toujours résisté pour rester crédible.
Le sabotage de l'opposition ne doit pas passer par Bafoussam, la ville où je réside, résiste et milite pour l'alternance au Cameroun », affirme-t-il. Kayo Kengne appelle les populations de la ville de Bafoussam à suivre les forces panafricanistes placés sous sa direction. Et à se tenir prêts pour l'alternance en 2025. «Ceux qui partent au Rdpc sont dépouillés de toute valeur. Ils ne représentent personne. Ce sont des coquilles politiquement vides », conclut ce révolutionnaire.