Les feux ravagent Madagascar. Le ministère de l'Environnement et du Développement durable mobilise des structures locales pour les combattre.
Cette saison des feux est particulièrement rude. Les paysages le long des routes nationales, qu'il s'agisse des axes Nord, Est, Ouest ou Sud, arborent une apparence aride et dévastée. La végétation est carbonisée d'un village à un autre. Selon le ministère de l'Environnement et du Développement durable,
70 % des communes du pays, soit 1 190 sur les 1 695 recensées, ont été touchées par les feux. En octobre, la superficie brûlée a atteint un million vingt-quatre mille cinq cent cinquante hectares, soit dix mille hectares de plus que la moyenne des quatre dernières années pour la même période. Parmi ces incendies, 98,31 % sont des feux de brousse et 1,69 % des feux de forêt.
Les feux de pâturage et la culture sur brûlis, très courants en cette période, sont à l'origine de ces désastres, mais des incendies volontaires sont également accusés. Alimentés par la sécheresse et les températures accablantes, les feux deviennent difficiles à maîtriser. À Mandraka, dans la commune rurale d'Ambatolaona, un incendie dans une forêt privée, survenu dimanche, n'était pas totalement éteint hier. « L'incendie est maîtrisé, mais il subsiste encore des foyers », rapporte une source locale.
Brûlage dirigé
Les feux de brousse ne menacent pas uniquement l'environnement mais aussi l'agriculture. « L'érosion est une conséquence directe des incendies. L'ensablement des rivières et des rizières est à craindre. Si les feux persistent, les rizières s'assécheront plus vite et le taux d'humidité de la végétation chutera, faute de couche protectrice. Les précipitations diminueront également, car les feux ne favorisent pas la pluie », explique un forestier, qui recommande un brûlage dirigé pour limiter la propagation des feux de cultures sur brûlis et de pâturage.
La saison des feux est encore loin d'être terminée. Les fumées, visibles depuis les routes nationales ou depuis le ciel pour ceux qui voyagent en avion, témoignent de la progression des incendies. Pour y faire face, le ministère de l'Environnement et ses partenaires ont mobilisé douze mille structures locales, impliquant cent dix mille personnes prêtes à intervenir immédiatement. Ces structures incluent l'Organe mixte de conception (OMC), la Direction régionale de l'Environnement et du Développement durable (DREDD), les communautés locales (VOI), les comités locaux de lutte contre les feux (KMDT), ainsi que d'autres acteurs.
Cependant, sur le terrain, les moyens manquent cruellement. « Nous sommes sous-équipés. Nous combattons les feux avec des bêches et des branches d'arbres », déplore un membre de la communauté à Mandraka. Le ministère appelle à une mobilisation générale et insiste sur la nécessité de ressources supplémentaires pour l'achat de matériel d'extinction, afin de prévenir une propagation encore plus grande des incendies.