Au Mali, la passation de pouvoir a eu lieu ce 22 novembre 2024 à la Primature : le nouveau Premier ministre, le général Abdoulaye Maïga, nommé la veille, remplace Choguel Maïga, démis de ses fonctions après ses propos virulents contre les militaires qui tiennent le pays. Le général Abdoulaye Maïga n'a pas perdu de temps puisqu'il a déjà dévoilé, jeudi après-midi, la composition du nouveau gouvernement de transition.
Tous les poids lourds du précédent gouvernement de transition sont reconduits et ce n'est pas une surprise : le général Sadio Camara reste à la Défense, le général Ismaël Wagué à la Réconciliation nationale. Il ne pouvait en être autrement pour ces deux militaires, qui ont mené le coup d'État d'août 2020 aux côtés d'Assimi Goïta, président de transition du Mali.
Abdoulaye Diop et Alousseini Sanou sont deux civils, mais surtout deux fidèles et efficaces exécutants : ils sont donc reconduits aux Affaires étrangères et à l'Économie, au coeur de la stratégie du régime pour le repositionnement du Mali sur la scène internationale et au sein de l'Alliance des États du Sahel (AES), ou pour la réappropriation des ressources minières, notamment.
Le nouveau gouvernement compte 28 ministres, autant que le précédent.
On compte tout de même certains changements, avec sept entrées et sept sorties : Ibrahim Ikassa Maïga et Fatoumata Sékou Dicko, proches de l'ancien Premier ministre Choguel Maïga, sont logiquement éjectés.
Chemin inverse pour Mamani Nassiré : celui qui conseillait jusqu'ici, à l'Administration territoriale, le nouveau Premier ministre, le suit à la Primature, mais il monte en grade puisqu'il devient ministre délégué en charge des Réformes politiques et institutionnelles.
On note au passage que le général Abdoulaye Maïga conserve, en plus de ses fonctions de chef du gouvernement, la charge de l'Administration territoriale, stratégique pour l'organisation d'éventuelles élections.
En résumé, le nouvel attelage s'inscrit clairement dans une logique de continuité.
Mali: «Ces changements pourraient provoquer un glissement du calendrier de fin de transition» « Les militaires contrôlent maintenant totalement le gouvernement, estime Oumar Berté, avocat et politologue malien, chercheur associé à l'Université de Rouen. Je pense qu'il n'y aura pas un changement majeur de la politique mise en place. Reste à voir si le Premier ministre actuel, le général Abdoulaye Maïga, pourra avoir autorité sur l'ensemble des ministres de son gouvernement. Choguel Maïga n'avait pas cette autorité. Je pense notamment au ministre de la Défense, le général Sadio Camara, et au ministre de la Réconciliation nationale, le général Ismaël Wagué. Le général Abdoulaye Maïga est considéré, si l'on peut dire, comme un intrus, puisqu'il n'a pas participé directement au coup d'État de l'été 2020. Il s'est montré très fidèle aux militaires putschistes et surtout au président de la transition, le général Assimi Goïta, donc ils sont dans le même camp, mais on verra si cette fidélité va lui permettre d'avoir l'autorité sur son gouvernement ».
Il poursuit : « Quant à la durée de la transition, pour l'instant, il n'y a pas de délai [depuis le report de la précédente échéance officielle de mars 2024, NDLR]. Mais il est quand même à craindre que ce changement puisse provoquer un glissement du calendrier auquel les autorités prévoyaient d'organiser les élections devant marquer la fin de la transition. »