- La rareté des ressources halieutiques, en particulier du poisson, dans les cours d'eau traversant le département de Podor (nord) résulte d'un ensemble de facteurs, dont la pléthore de pêcheurs non encore en règle et le manque d'organisation, indiquent des acteurs de la pêche continentale de cette partie de la région de Saint-Louis.
"Malgré les nombreux cours d'eau dont disposent le département de Podor, les populations s'approvisionnent en poissons à partir des villes côtières, que sont Saint Louis, Cayar, Mbour, Dakar et même Nouakchott, en Mauritanie voisine", déplore Ibrahima Maal, président du conseil local des pêches (CLP) au cours d'un entretien avec l'APS.
Il ajoute que les ressources halieutiques "se font rares depuis la mise en eau du barrage de Manantali", ajoutant qu'il y a un manque d'équipements et de matériels.
M. Maal salue les efforts non négligeables notés depuis quelques temps avec la dotation de moteurs hors-bord et d'une pirogue, tout en rappelant que le nombre de pêcheurs recensés est de loin supérieur au matériel reçu.
Serge Emile Ntab, le chef du service départemental des pêches de Podor, relève que sur les 1 000 pêcheurs recensés dans l'arrondissement de Thillé Boubacar et Gamadji Saré, qui sont affiliés au CLP, seuls 100 sont en règle. Ces pêcheurs selon lui s'acquittent régulièrement de leur cotisation de 15 000 francs CFA pour la carte de membre.
"La rareté des ressources est en partie la conséquence des mauvaises pratiques, notamment de la pêche illégale. J'ai saisi, mercredi, dans un campement de pêcheurs installés sur les rives du Gayo, des équipements formellement interdits par la législation en vigueur ", a-t-il informé.
Pour surveiller la pêche dans le département de Podor, Ibrahima Maal souligne qu'il faut des moyens logistiques en adéquation avec l'étendue de la zone, aussi bien pour l'organisation faîtière qu'il dirige que le service des pêches.
C'est dans ce sens qu'un autre acteur du secteur, Thierno Mbodj, estime que l'aquaculture "peut être une alternative dans ce département qui dispose de plusieurs cours d'eau et d'aménagements hydro-agricoles".
"Nous peinons à trouver des financements pour mener à bien nos activités. Les conditions pour élever les alevins aussi sont très difficiles, sans compter que le soutien des pouvoirs publics et les ONG se fait désirer", a-t-il ajouté.
Il a déploré le manque d'organisation des acteurs comparativement aux agriculteurs et éleveurs de ce département.
Tous ces acteurs souhaitent plus d'appui de l'Etat, des ONG, des partenaires financiers et techniques, pour booster un secteur à "fort potentiel et contribuer significativement à la sécurité alimentaire".
Le département de Podor est riche de quatre cours d'eau permanents, compte non tenu du fleuve Sénégal.