Des violations du cessez-le-feu s'accumulent, alimentant les accusations mutuelles entre l'armée congolaise et les rebelles.
Depui ce vendredi matin du 22 novembre, des bombardements à l'artillerie lourde ont ciblé la ville de Sake et ses environs.
Lawrance Kanyuka, porte-parole de l'Alliance Fleuve Congo, alliée des rebelles du M23, a, sur sa page X, accusé l'armée congolaise de violer le cessez-le-feu en vigueur.
Depuis environ une semaine, les rebelles du M23 progressent dans le territoire de Walikale. Leur objectif : s'emparer des richesses minières stratégiques de la région. Mais selon des sources locales à Walikale, les zones minières n'ont pas encore été atteintes.
Des mines ciblées
Les derniers affrontements ont été signalés à 18 kilomètres du centre de Pinga, laissant les mines de Walikale pour l'instant à l'abri.
Néanmoins, le M23 maintient son emprise sur les mines de Rubaya, dans le Masisi, ainsi que sur celles de Lweshe dans le Rutshuru. Aimé Mbusa Mukanda, un notable du territoire de Rutshuru, témoigne de l'impact de cette situation sur les communautés locales.
"Aujourd'hui, les FARDC (l'armée congolaise) respectent le cessez-le-feu, mais aux fins fonds, dans le territoire de Rutshuru, dans le groupement de Bambo, il y a souvent des affrontements entre les Wazalendo CMC (des supplétifs de l'armée congolaise, ndlr) et le M23. Depuis plus de six mois, la mine de Rubaya et la mine de Somikivu sont exploitées par les rebelles du M23. La cassiterite de Rubaya et le pyrochlore de Lweshe sont exploités. Ce ne sont pas seulement les mines qui sont pillées, mais même les cultures des paisibles populations sont pillées", estime Mbusa Mukanda.
"Ils ont déjà exterminé cette population"
Dans le Rutshuru, le M23 a demandé aux habitants d'évacuer le village de Butare, prétextant une zone opérationnelle. Mais pour Patient Twizere, membre de la société civile locale, cette explication masque de graves exactions.
"Les terroristes du M23 sont en train de chasser cette population sous prétexte qu'ils sont en collaboration avec les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, un groupe armé opposé au pouvoir à Kigali, ndlr), alors que c'est faux. Avec cette situation, les terroristes du M23, avec leurs alliés le Rwanda et l'Ouganda, sont en train de profiter de la question des FDLR. Parce qu'au niveau de Tongi, ils ont déjà exterminé cette population, au niveau de Binza, ils sont en train de massacrer les gens tous les jours, par des balles et à la machette", explique Patient Twizere.
Au milieu de ce climat de tension, la Première ministre Judith Suminwa, est en visite dans le Nord-Kivu et l'Ituri.
Accompagnée de membres de son gouvernement, elle évalue l'état de siège, mesure critiquée pour son inefficacité face à une situation sécuritaire qui ne cesse de se dégrader.
Alors que les violations du cessez-le-feu persistent, la question de la suppression de l'état de siège continue de diviser les Congolais, beaucoup considérant cette mesure comme plus politique que pratique.