Sorti le 28 juin et disponible sur différentes plateformes de téléchargement légal, « Nlaku » est le tout premier EP de la slameuse congolaise Mwassi Moyindo, en attendant un album. Lors d'une rencontre le 19 novembre à Brazzaville, l'artiste s'est exprimée à coeur ouvert sur la naissance de chaque titre qui compose ce mini-album.
Après des singles comme « Zala yo » ou « Louzolo », chaleureusement accueillis par le public, la slameuse a compilé six titres au style riche et varié pour son EP « Nlaku ». Chaque morceau, précise Mwassi Moyindo, regorge une histoire unique. A titre d'exemple, « Nlaku », mot kongo qui signifie « flamme », est une manière de célébrer cette passion qui s'exprime depuis plus de 10 ans mais qui se vit de façon professionnelle depuis 2021.
« Ya ngo » c'est le récit d'une jeune fille qui se confie à la lune sur le fait qu'elle ne se sent pas belle et reste la personne rejetée des autres. « Et c'est vraiment la jeune fille que j'étais. J'ai écrit ce texte sous l'excès de colère; parce que mon prof de théâtre me disait à l'époque, Thérésa, quand on n'est pas belle, il faut être au moins brillante. Heureusement que tu es brillante parce que l'inverse aurait été bizarre parce que tu n'es pas belle », se remémore Mwassi Moyindo. En partageant ce morceau au monde, elle souhaite désormais redonner de l'assurance à toutes ces filles qui ont perdu confiance en elles à cause du regard des autres.
« Belle » est aussi un peu féministe parce qu'il y a ce besoin de se conformer aux attentes de la société pour se sentir femme. « Pour les jeunes de ma génération, quand on est une femme, on est obligé de savoir twerker. Être intelligente ou savoir cuisiner n'est plus très important pour certains. Cela donne l'impression, en tant que femme, qu'on ne sert à rien parce que même quand tu arrives dans un bureau, on ne t'accorde pas assez d'importance parce que tu n'as pas comme ceci ou cela », révèle la slameuse congolaise. Et si défendre la femme fait d'elle une « féministe », Mwassi Moyindo l'assume. « Je suis féministe parce qu'il y a des causes à défendre. La violence faite aux femmes existe, l'excision existe, les tortures humaines existent et il faut que j'en parle. J'ai besoin de la parité dans le travail, je n'ai pas besoin de parité dans mon couple, par exemple. Je ne suis aucunement pour la guerre des femmes contre les hommes parce qu'il faut d'un homme et d'une femme pour faire un monde et pérenniser la race humaine », précise-t-elle.
Son titre « Reste », simplement parce qu'entre le choix d'habiter à l'extérieur et habiter au Congo, Mwassi Moyindo a choisi d'habiter au Congo mais surtout rester pour dire aux gens que « l'ailleurs à tout prix » est un cimetière qu'il vaut mieux éviter. Un autre titre intitulé « Naza sé wa yo » se veut le reflet de son amour pour la musique tout simplement. Et, « Pause », parce que plusieurs fois, l'artiste a pris la décision d'arrêter avec la musique, le slam. « J'en pouvais plus de me battre et de continuer de mettre toute mon énergie, mon âme et tout ce que je reçois dans la musique sans avoir le retour tant souhaité. Heureusement qu'il y a des gens formidables qui sont autour de moi et qui m'ont dit que je ne peux pas arrêter parce que je suis née pour cet art », a confié la slameuse congolaise.
Le slam comme moyen d'expression et une raison d'exister !
Disponible depuis cinq mois déjà, « Nlaku » vient couronner les efforts de Mwassi Moyindo. Préparer cet EP a tout de même été éprouvant pour l'artiste qui est allée chercher au plus profond d'elle-même différentes émotions afin d'être le plus vrai possible à l'égard de son public. Cela s'explique notamment à travers l'absence de featuring dans cet EP. « Là, c'était quand même assez intime. Juste pour répondre aussi à la question des featuring, il y a des featuring déjà enregistrés. Ils arrivent et j'espère qu'ils vous plairont vraiment », a annoncé Mwassi Moyindo.
Aujourd'hui, l'artiste se sent reconnaissante vis-à-vis de toutes les personnes qui l'ont encouragée à ne pas abandonner le slam. « Le slam c'est ce qui m'a vraiment sauvée de la petite fille de ses parents qui ne savaient pas qu'elle pouvait arriver quelque part dans la vie. Le slam a donné un sens à ma vie. A la sortie de "Zala yo", je me rends compte que c'est le slam que je suis censée faire. Parler aux gens, leur partager un peu de moi... Aujourd'hui, j'essaie de le mélanger avec d'autres styles musicaux comme vous entendez mais ça reste principalement et ça restera principalement du slam », a-t-elle déclaré.