Lors d'un reportage hier, une équipe de l'express s'est rendue au centre d'enfouissement technique de Mare-Chicose pour observer de près le travail éprouvant des pompiers et des opérateurs d'engins. En l'espace de 15 minutes passées aux côtés des soldats du feu, il est devenu évident que ces personnes mettent leur vie en danger pour contenir les flammes et protéger l'environnement.
À quelques mètres du brasier, l'intensité de la chaleur est suffocante. Malgré des masques de protection, une odeur âcre envahit les narines, provoquant des maux de tête et une irritation des yeux en quelques minutes seulement. Ce court laps de temps a suffi à illustrer les difficultés immenses auxquelles ces pompiers font face au quotidien, dans un environnement hostile où la fumée omniprésente rend chaque respiration douloureuse.
Habillés d'équipements de protection lourds, les pompiers projettent des jets d'eau puissants sur les foyers de flammes, tandis que des opérateurs manoeuvrent des excavatrices pour dégager les déchets incandescents et les recouvrir de terre. Le tout se déroule dans une atmosphère pesante, marquée par des odeurs nauséabondes et une chaleur étouffante.
Quelques pompiers sur place nous ont confié les défis qu'ils affrontent. «Travailler ici est une véritable épreuve. Avec nos combinaisons et la chaleur, on transpire énormément. En plus, l'odeur est insupportable, ce qui rend impossible de manger sur place», explique l'un d'eux.
Les conséquences sur leur santé ne sont pas négligeables. Plusieurs d'entre eux souffrent de maux de tête, de toux persistante et de problèmes respiratoires causés par l'inhalation de la fumée toxique, bien que la situation soit légèrement plus maîtrisée qu'aux premiers jours de l'incendie.
Un autre pompier pointe du doigt le manque de ressources essentielles, comme les masques de protection.
18 jours de lutte acharnée pour maîtriser le feu
Le centre d'enfouissement de Mare-Chicose est en proie à un incendie depuis le 6 novembre, mobilisant d'importantes ressources pour tenter de contenir les flammes. Malgré une diminution notable de leur intensité après 18 jours d'efforts continus, les flammes persistent sur certaines parties du site, rendant la mission des sapeurs-pompiers et de l'opérateur difficile.
Le Mauritius Fire and Rescue Service, en collaboration avec l'opérateur de la décharge, a divisé la zone affectée en secteurs pour optimiser les interventions. Des engins lourds tels que des bulldozers et des excavatrices sont utilisés pour dégager les matériaux incandescents et les recouvrir de terre afin de limiter la propagation du feu. Pendant ce temps, les pompiers arrosent en continu les poches de flammes et les déchets surchauffés pour refroidir la masse et éviter toute reprise.
Lors d'une réunion du National Crisis Committee tenue le 21 novembre, il a été annoncé que les horaires de travail des pompiers sur le site seraient prolongés de 5 heures à 23 heures. Plus de 30 pompiers interviennent chaque jour sur un système de rotation pour assurer une couverture constante.
La fumée dégagée par les déchets en feu représente un risque potentiel de pollution atmosphérique. Des équipes du ministère de l'Environnement se trouvent sur place pour surveiller de près la situation. Le National Environmental Laboratory procède également à des analyses quotidiennes de la qualité de l'air dans les zones environnantes. Selon un communiqué publié le 19 novembre, aucune émission de gaz toxique n'a été détectée jusqu'à présent.
Rajesh Bhagwan et Joanna Bérenger sur place : Des mesures d'urgence
Le ministre de l'Environnement, Rajesh Bhagwan, accompagné de la Junior Minister de l'Environnement, Joanna Bérenger, ainsi que des candidats élus de la circonscription n° 11, a effectué une visite au centre d'enfouissement de Mare-Chicose, hier. Il a qualifié la situation de «bombe économique», qu'il a attribuée à un «héritage de l'ancien gouvernement». Rappelant son implication passée dans ce projet, il a déclaré qu'en 1997, il était venu à Mare-Chicose avec Paul Bérenger, lorsqu'ils étaient dans le gouvernement. «C'est nous qui avons lancé ce projet. Aujourd'hui, le destin et la volonté du peuple nous ramènent ici pour gérer cette crise.»
Le ministre a souligné l'urgence de la situation. «Jusqu'à présent, 9 000 m2 carrés ont été maîtrisés, mais 31 500 m2 restent encore en feu. Les autorités estimaient initialement qu'il faudrait deux mois pour éteindre l'incendie, mais grâce à des décisions comme l'augmentation du nombre de camions et de pompiers, nous espérons y parvenir en 20 jours. Cependant, cela reste long, et nous allons tout faire pour réduire encore ce délai.»
Rajesh Bhagwan a tenu à remercier le groupe CIEL pour son soutien et a appelé d'autres entreprises privées à venir en aide.
De son côté, Joanna Bérenger a insisté sur l'ampleur de la situation, la qualifiant de «crise nationale». Elle a souligné l'importance de protéger les travailleurs sur le terrain : «Toutes les solutions proposées ne sont pas adaptées si elles mettent la vie des travailleurs en danger. Nous faisons de notre mieux pour rétablir l'ordre et résoudre ce problème, qui découle d'une mauvaise gestion des déchets sous l'ancien régime.»
Elle a annoncé une nouvelle mesure qui a été prise lors de la réunion. «Nous avons décidé d'introduire un additif dans l'eau utilisée pour combattre le feu. Cet additif permettra à l'eau de mieux pénétrer en profondeur et d'empêcher les flammes de reprendre.»