Ile Maurice: L'ancienne prison centrale à Port-Louis évacuée et interdite d'accès

23 Novembre 2024

Finies les anciennes cellules transformées en bureaux. Seul vestige auquel on n'avait pas touché : la trappe servant à la pendaison des condamnés à mort. Les fonctionnaires du ministère des Arts qui occupaient l'Old Prison Building situé à l'arrière du Renganaden Seeneevassen Building ont été sommés de vider les locaux, jugés dangereux.

Un coup de tonnerre. C'est l'effet qu'a eu l'ordre d'évacuer les bureaux du ministère des Arts qui se trouvaient dans d'anciennes cellules de l'Old Prison Building, situé derrière le Renganaden Seeneevassen Building, rue Maillard à Port-Louis.

Les faits remontent au 7 octobre dernier. L'ancienne prison centrale est sous la responsabilité du bureau de l'Attorney General. L'Old Prison Building, ce sont d'anciennes cellules transformées en bureaux - les barreaux remplacés par des ouvertures en aluminium - depuis 2014. Sauf que dix ans plus tard, en 2024, «ti ena bann danze pou less bann ofisie travay laba samem inn ferm li», explique une source du ministère des Arts.

Ce que confirme Sarita Boodhoo, qui était la présidente du Bhojpuri Speaking Union jusqu'à sa démission le 12 novembre dernier, suite à l'élection du nouveau gouvernement de Navin Ramgoolam. Jusqu'au mois dernier, les locaux de ce Speaking Union se trouvaient dans l'Old Prison Building. «Nous avions déjà reçu un avertissement. Sa ti vinn riskan pou travay ladan», confie-t-elle. Le ministère des Arts a relancé des appels à propositions pour louer des espaces bureaux notamment que ce soit à Port-Louis ou à Ebène. Mais il semblerait que cette démarche n'aurait pas abouti.

L'ordre de vider les lieux tombe le 7 octobre dernier. Avec effet immédiat. D'aucuns signalent que «kouma inn deklar eleksion, let inn sorti». Parce que c'est le 4 octobre dernier que l'ex-Premier ministre Pravind Jugnauth a annoncé la dissolution du Parlement. On ne sait s'il y a là une relation de cause à effet. On retient seulement que ce serait avec une «let for» que l'ordre d'évacuer les bureaux «zordi pou zordi» aurait été donné aux fonctionnaires.

Dans le cas du Bhojpuri Speaking Union, une solution de relocalisation est rapidement trouvée. Direction le 14e étage du Hennessy Court, rue Pope Hennessy à Port-Louis. Le Speaking Union partage désormais l'espace avec l'Aapravasi Ghat Trust Fund.

Il ressort que d'autres services du ministère des Arts qui se trouvaient dans l'ancienne prison centrale ont été relocalisés soit au bâtiment Baden Powell, rue Baden Powell à Port-Louis soit au centre de formation artistique à Paillotte, Vacoas.

Ancienne prison centrale 1840-1953

L'ancienne prison centrale à Port-Louis a été en opération à partir de janvier 1839. Les premiers détenus y arrivent en 1840. Il ressort qu'une population carcérale d'environ 300 prisonniers était déjà en surpopulation à l'époque. Cette prison aux épais murs de pierres taillées a été agrandie avec 48 nouvelles cellules. L'échafaud où les condamnés à mort étaient pendus est aussi aménagé.

Une aile dédiée aux femmes est également mise en place. C'est entre 1946 et 1952 que les prisonniers sont transférés de Port-Louis vers ce qui est alors la nouvelle prison centrale à Beau-Bassin. Les derniers condamnés à mort exécutés à la prison centrale de Port-Louis le 23 février 1952 sont Noël Jérôme Juillet (Pic Pac), Paul Célestin (surnommé Paul Le Fou) et France Edwin Cangy (Le Roi). Cette prison ferme définitivement ses portes en 1953.

Conditions difficiles

Le déménagement précipité du Bhojpuri Speaking Union est aussi l'occasion pour son ex-présidente de lever le voile sur les conditions dans lesquelles elle a opéré. Le 7 octobre, «cela a pris une journée pour trier tous les dossiers». Le 8 octobre c'était l'installation au Hennessy Court, avec les moyens du bord. Elle confie par exemple que son allocation de présidente était «below minimum wage». Que cette allocation ne couvrait pas ses frais de transport, qu'elle a déboursés de sa poche. «Ce Speaking Union n'a jamais eu de directeur, donc c'était à la présidence de le gérer. Je l'ai fait pour l'avancement de la langue et de la culture bhojpuri».

Classement éventuel

Un dossier de demande d'inscription de l'ancienne prison centrale sur la liste du patrimoine national a bien été déposé. C'est ce que l'on confirme du côté du National Heritage Fund. Il ressort que des ingénieurs seront sollicités pour des études en vue d'une probable rénovation. «Ce ne sera pas démoli», assure-t-on. L'ancienne prison centrale n'est «pas encore» classée patrimoine national. «Cela fait deux-trois mois qu'une demande d'inscription a été faite». On ne sait pas combien de temps prendra le traitement du

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