Les Gabonais se sont rendus aux urnes ce samedi 16 novembre 2024, pour donner un Oui massif au projet de référendum constitutionnel qui leur était soumis par le Général Oligui Nguéma. Les résultats provisoires en attendant leur proclamation par la cour constitutionnelle font état de 91, 8% de Oui en faveur du nouveau texte, sur un taux de participation de 53,54%.
La note discordante a été que six citoyens gabonais ont saisi la Cour constitutionnelle d’une requête pour contester la légalité et la constitutionnalité du scrutin, au motif entre autre, que le référendum ne peut être organisé par un gouvernement illégitime, or celui du Général Oligui Nguéma est issu d’un coup de force du comité pour la transition et la restauration des institutions( CTRI), par conséquent qualifié comme tel au regard de la Charte Africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance.
En attendant, la décision de la Cour à la fois sur cette saisine, et/ou également sur la proclamation des résultats, plusieurs questions se posent. La première, qui à l’évidence est à l’ordre du jour, est celle de la date de la prochaine présidentielle, avec la participation ou non du général Nguéma.
Si l’on se réfère à la déclaration de la ministre de la communication Laurence Ndong, le retour à l’ordre constitutionnel est inscrit dans une période de 2 ans maximum ; c’est-à-dire en Août 2025. D’ici là, la refonte du code électoral, ainsi que la révision des listes se feront, avant la présidentielle , les législatives et les élections locales.
Tout semble bien calé, sauf qu’il y a une certaine discordance, gouvernementale, car le Premier ministre estime quant à lui que cette échéance ne serait qu’indicative. Autrement dit, elle peut être révisée dans sa durée et ses séquences, comme certains le préconisent pour éviter toute précipitation.
Toutefois, la question centrale qui demeure est celle de la candidature du général président Oligui Nguéma. L’intéressé lui-même diffère l’annonce en étant dans le NI oui ni Non, même si les observateurs soupçonnent qu’il veuille jouer avec l’effet de surprise d’une telle annonce. Ses récents déplacements dans le pays ainsi que certaines de ses déclarations, laissent transparaitre une claire volonté de se maintenir au pouvoirs, comme d’ailleurs l’y poussent ses partisans.
Pourrait-il tenir son agenda dans les délais « raisonnable » pour parachever la transition ? Rien n’est moins sûr, car la bataille de la refonte du code électoral et de la révision du fichier sera d’un autre registre, d’autant que les piliers de l’ancien régime sont toujours en place surtout dans les fiefs qui étaient les leurs.
Plus on s’approche de l’échéance fatidique des deux ans prévus pour le terme de la transition, plus le projet du Général Nguéma risque de voir son aboutissement compromis par une recomposition des forces qui militent en faveur du retour à un régime civil.
Finalement le référendum aura certainement servi au Gabon de consacrer la IIème République. Mais qu’en est-il vraiment du jeu politique et institutionnel avec un Président qui reste très fort et seul aux commandes, sans 1er ministre, et avec une assemblée quasi « désarmée » face à lui ?