La lutte contre la violence faite aux femmes a pris une tournure importante. Désormais, les victimes osent parler.
Briser le silence. Parler de la violence subie, surtout de la part d'une personne proche, n'est pas une chose simple dans notre société. Mais grâce à l'engagement de la Première dame, Mialy Rajoelina, dans cette lutte et à l'opérationnalisation du centre de prise en charge intégrée à Mahamasina, plusieurs victimes ont trouvé le courage d'informer les autorités et les responsables compétents de leur situation.
« De nombreuses femmes ont brisé le silence et ont osé porter plainte », a déclaré la championne de la lutte contre la violence basée sur le genre dans son discours, à l'occasion de la journée Orange Day, qui s'est tenue au Kianjan'ny Hira Gasy à Anosy, hier.
En chiffres, treize mille huit cent cinquante-quatre cas de violences ont été enregistrés par ce centre, mis en place par l'association Fitia entre 2019 et 2024. La violence psychologique et la violence économique figurent en tête de liste des types de violences les plus fréquentes.
Parmi ces femmes ayant eu le courage de dénoncer leur partenaire figure Patricia (nom d'emprunt), une jeune femme vivant en concubinage avec son compagnon et sa petite fille issue d'une précédente relation. Selon ses récits, son partenaire la bat presque quotidiennement « lorsqu'il n'est pas dans son état normal». « Il boit de l'alcool et prend de la drogue. Ce qui m'inquiète le plus, c'est la sécurité de ma fille. Il a déjà menacé de la violer », a-t-elle confié.
Le centre de Mahamasina offre une prise en charge holistique aux survivantes de la violence. Ainsi, dix mille sept cent quatre-vingt-seize personnes ont bénéficié de soutien dans divers domaines, notamment le développement personnel, la gestion, la planification familiale et des formations professionnelles comme la couture, la broderie ou la cuisine. Le but est de rallumer l'espoir en elles et d'assurer leur reconstruction.
Socle
Cette reconstruction après la violence est, d'ailleurs, le thème de l'Orange Day 2024. « Aujourd'hui, nous voulons insuffler de l'espoir, du courage et une volonté de changement. (...) Il est difficile de guérir les blessures émotionnelles laissées par la violence vécue dans le passé. Mais il est néanmoins possible de se reconstruire. La reconstruction commence par le pardon envers soi-même pour ses échecs. Les erreurs des autres à votre égard ne sont jamais de votre faute. Se relever n'est pas facile, et il ne faut pas hésiter à demander conseil à des amis, à la famille ou à consulter des professionnels dans des centres spécialisés », a déclaré la Première dame.
Malgré ces avancées, la lutte contre la violence faite aux femmes est loin d'être achevée. Si les victimes ont brisé le silence, les auteurs présumés, principalement des hommes, ne sont pas encore prêts à changer. De nombreuses femmes continuent à subir des violences économiques, psychologiques, sexuelles ou physiques. L'éducation de toute une génération doit être le socle de la prévention de cette violence.
Dans le cadre de cette journée, Mialy Rajoelina a partagé ses expériences personnelles en matière d'éducation. « En tant que mère, je ressens combien élever des enfants n'est pas une tâche facile, et qu'il n'existe pas de perfection en éducation. Par exemple, mes trois enfants sont très différents. Chacun a sa propre personnalité et suit son propre chemin de vie. Je me considère un peu comme une "maman poule".
Il est essentiel pour moi de leur transmettre des valeurs et de leur donner un amour inconditionnel. Il m'est arrivé de penser que mes décisions étaient bonnes, mais en discutant avec eux, ils m'ont partagé leurs désirs et leurs sentiments. Cela m'a permis d'apprendre et d'améliorer ma manière de les éduquer pour qu'ils deviennent des personnes de valeur, dotées d'une bonne moralité et dignes de respect », a-t-elle souligné.
Elle a encouragé les jeunes à devenir des modèles. « (...) Les réseaux sociaux sont des outils pour apporter des changements positifs. (...) Votre compte et vos messages doivent être des modèles et des références. Soyez comme un rayon de soleil qui illumine et guide les autres. Vous pouvez toucher le coeur de vos abonnés avec des messages de solidarité. Un simple geste, une parole douce, un soutien ou un conseil peuvent faire une grande différence », a-t-elle adressé aux jeunes.
Elle a foi en la jeunesse malgache, convaincue qu'elle peut s'unir pour bâtir un monde qui valorise autrui et respecte l'humanité.