Madagascar: Une exposition illustre la diversité de l'habitat mais aussi des caractéristiques communes

À Madagascar, le Musée de la photographie présente sa nouvelle exposition intitulée « La Maison des Vivants », consacrée à l'architecture malgache. En mettant en lumière les maisons de Monsieur et Madame tout-le-monde partout à travers l'île - des maisons traditionnelles modestes souvent éclipsées par les grandes demeures et édifices religieux - l'exposition offre un hommage à un patrimoine méconnu et à des techniques de construction ingénieuses et insolites. Une plongée sur tout le territoire pour comprendre également le lien profond qui unit les populations et leur habitat.

Devant les maquettes représentant 14 types de maisons de Madagascar, une visiteuse s'étonne : « Il y en a qui sont en paille. Il y en a aussi là-bas, en bambou, en en bois. Pourquoi toute cette diversité ? »

Tsiory Randriamanantena, directeur du Musée de la photographie, répond : « Le fait qu'il y ait autant de diversité en termes de matériaux s'explique par les ressources dont disposent les gens qui construisent ces maisons. » Il détaille : « Dans l'est, où on a des forêts abondantes, on utilise du bois. Sur les hautes terres, où on a une végétation assez maigre, les gens utilisent de la terre. Ça peut également s'expliquer par le fait que les maisons sur pilotis sont surélevées pour des raisons d'humidité, tandis que dans le sud, les gens préfèrent construire directement au sol pour bénéficier de sa fraîcheur. »

Autre curiosité, la hauteur des maisons, qui varie parfois du simple au triple : « Cette différence de taille, elle s'explique d'abord par le mode de vie des populations. Il est évident que chez les populations semi-nomades, comme les Vezo par exemple (dans le sud de l'île), les maisons sont de petite taille parce qu'elles sont amenées à être déplacées au fil des migrations. Ensuite, il y a l'aspect culturel, par exemple chez les Bara, donc une population du Sud de Madagascar, où la maison accueille le mari et son épouse uniquement, sans les enfants. Tandis que sur les Hautes-Terres, la maison accueille la famille élargie, les grands-parents compris. Et enfin intervient le statut social : plus une maison est grande, plus elle extériorise la richesse de son occupant. »

Une « architecture malgache »

Malgré toutes ces différences, les maisons conservent des caractéristiques communes. « On parle d'ailleurs d'une "architecture malgache", avec notamment des maisons qui comportent toutes des toitures à deux versants, poursuit Tsiory Randriamanantena. Quel que soit la région, la maison est également systématiquement orientée du Nord au Sud et la porte, ouvrant vers l'Ouest, et ça, en raison de croyances partagées par tous les Malgaches. L'Ouest, par définition, c'est le profane, donc tout le monde peut y passer, contrairement à l'Est, partie de la maison considérée comme sacrée, réservée aux ancêtres ».

Pour les Malgaches, la maison dépasse donc la simple définition matérielle des quatre murs et un toit. La maison, c'est la famille, mais aussi une « institution » qui permet de regrouper tous les êtres humains vivants autour d'ancêtres communs. Elle traduit la culture et l'identité des gens qui l'occupent. Il faut d'abord reconnaître que le fait d'être une île a ouvert Madagascar à différentes influences de l'étranger. Madagascar est entrée en relation avec la côte orientale africaine dès le IXe siècle avec ses différents commerçants qui sont venus soit d'Arabie, soit d'Afrique-même, comme par exemple des Somalis, du Kenya aujourd'hui, du Mozambique, ou encore des îles de Zanzibar et Sofala [dans l'actuel Mozambique, NDLR].

Et toutes ces personnes, ces commerçants spécialement, venus dans l'île, ont laissé des traces dans l'architecture. Il y a par exemple les portes omanaises qui font une des singularités de la région du Boeny, avec les fers décorés. Il y a aussi des vestiges de maisons en pierres sèches empilées. L'architecture de l'Est de l'Afrique se retrouve à Madagascar à travers ses maisons faites en terre avec un toit en chaume. Il y a aussi les traces de constructions austronésiennes.

Ce sont ces maisons qui sont essentiellement à l'origine des maisons sur pilotis, les maisons en falafa [palmes de l'arbre du voyageur, NDLR] sur le littoral est-malgache, ou encore jusque dans les Hautes-Terres. Et on les date à partir du VIIe siècle, qui correspond à l'arrivée des premiers migrants sur l'île. Et donc la maison malgache comporte toutes les traces de ces différentes influences architecturales de l'Asie du sud-est jusqu'à l'est de l'Afrique. Helihanta Rajaonarison, enseignante-chercheuse et directrice du département d'histoire à l'Université d'Antananarivo

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