À Madagascar, les députés doivent voter dans les prochains jours le projet de loi de finances 2025 qui a avait été présenté par le gouvernement à l'Assemblée nationale le 18 novembre dernier. Cette feuille de route pour l'année à venir est marquée par des investissements à la hausse sur les ressources propres de l'État.
Des investissements notamment dirigés vers le secteur de l'énergie et des infrastructures. Le soutien à la santé et l'éducation, l'une des priorités affichées par le président Andry Rajoelina pour son second mandat, s'avère bien plus timide, comme l'ont souligné la société civile et quelques voix de l'opposition.
Les investissements financés sur fonds propres de l'État doivent quasiment doubler, atteignant cette année les 2 368 milliards d'ariary, soit 483,6 millions d'euros.
Le secteur de l'énergie capte à lui seul près du quart de ce montant avec 587 milliards d'ariary (119 millions d'euros) d'investissements internes, une somme multipliée par douze par rapport à 2024. Essentiellement dédiés à l'achat de parcs solaires et éoliens, ces fonds visent à diversifier les sources d'énergie, alors que Madagascar est confronté ces dernières semaines à une crise inédite de production et de distribution d'électricité.
Si les uns reconnaissent des investissements vitaux pour le pays, Hony Radert, la Secrétaire générale du Collectif des citoyens et des organisations citoyennes (CCOC), regrette une allocation disproportionnée par rapport aux secteurs sociaux. « Pour l'éducation, par exemple, on a une augmentation très minime de 1,9 %, déplore-t-elle. Pour la santé, aujourd'hui, l'augmentation est principalement portée par les bailleurs de fonds. Mais si on regarde la variation des investissements internes, on constate qu'elle est négative au niveau de la santé. Donc, pour nous, ce sont des signaux qui nous montrent qu'on est loin de la priorisation annoncée du capital humain ».
Le projet d'autoroute entre la capitale et l'est du pays en question
Du côté des infrastructures, 611 milliards d'ariary (soit 124,7 millions d'euros) financés, là encore, entièrement sur fonds propres pour la construction de la première autoroute du pays. Ce projet cher au président Andry Rajoelina, qui doit permettre de relier Antananarivo à Tamatave à l'est du pays, est déjà contesté d'un point de vue environnemental et social. Iavoko Ramanitrarivo, responsable communication du parti d'opposition Malagasy Miara Miainga (MMM), y voit un décalage avec les besoins réels de la population : « On alloue 611 milliards d'ariary à l'autoroute et on alloue seulement 150 milliards d'ariary pour l'entretien et la construction des routes nationales. Il faut rappeler que c'est uniquement financé à travers la ressource propre interne de l'État, donc de l'argent des contribuables. Or, entre choisir entre l'autoroute et la construction des routes nationales, je pense que le choix est vite fait. »
Pour supporter ces grands investissements, l'État affiche sa sobriété, en réduisant de 10% les dépenses allouées au fonctionnement de l'ensemble de l'administration.