Dakar — L'universitaire et historien sénégalais Mamadou Diouf a appelé à faire du massacre des Tirailleurs à Thiaroye "une mémoire vive" en l'inscrivant de manière centrale dans l'éducation afin d'en assurer son appropriation par la nouvelle génération.
"Si nous décidons aujourd'hui de faire de Thiaroye cette mémoire vive, il faudra l'inscrire de manière centrale dans le travail d'instruction et d'éducation que définirait un projet politique", a dit l'enseignant-chercheur par ailleurs président du comité de commémoration du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais.
Dans un entretien avec l'APS, Mamadou Diouf a indiqué que la nouvelle génération ne pourra s'approprier de cette tragédie qu'en en faisant une mémoire vive, une histoire vivante".
"La mémoire n'est pas nécessairement une relation avec le passé, elle est une projection dans le futur", a martelé l'enseignant à l'université de Columbia, aux Etats unis.
De l'avis de l'historien, il s'agira de dire « dans quelles conditions on devient ce qu'on a décidé d'être ».
"C'est-à-dire quel est le projet politique, quel est le projet économique, quel est le projet culturel qu'une société se donne, se dote pour devenir une communauté. Cela ne peut passer que par l'éducation, une éducation non seulement qui parle de cette histoire et qui fait de la mémoire une mémoire vive, toujours le visiter, mais c'est aussi une éducation au service de la construction d'une communauté", a expliqué le professeur Diouf.
Il a dit être « en phase » avec des parlementaires de l'opposition française qui souhaitent la mise en place une commission d'enquête pour la reconnaissance pleine et entière du massacre de Thiaroye et l'accès à l'ensemble des archives relatives à cet évènement datant du 1er décembre 1944.
« La demande de reconnaissance, dit-il, est inéluctablement suivie d'une demande de redistribution, comme disent les philosophes, d'une demande de réparation. Et comme je le disais, pas seulement des réparations physiques, mais aussi des réparations morales. Et la France va passer par cela », argue l'historien.