Il y a deux mois, le média en ligne Politico avait rapporté qu'en 2021 au Mozambique l'armée avait enlevé, violé et tué des civils dans des conteneurs situés à l'entrée du site dédié au projet gazier de TotalEnergies. Le groupe pétrolier français avait démenti avoir jamais reçu d'information que de tels événements avaient eu lieu. Mais le groupe pétrolier français savait, selon des documents internes au groupe que s'est procuré le quotidien Le Monde.
D'après des documents internes au groupe pétrolier français, que s'est procuré le quotidien Le Monde, TotalEnergies avait connaissance - dès 2021 - des violences fréquentes que les forces de sécurité mozambicaines faisaient subir aux civils des environs. En témoignent les rapports sociaux trimestriels de sa filiale au Mozambique LNG. Dans ces documents confidentiels destinés à l'Agence italienne de crédit-export, il est écrit que « depuis le 2 avril 2021, les habitants ont régulièrement fait état de violations des droits humains commis par les Joint Task Force », les militaires et policiers mozambicains rétribués pour effectuer la surveillance du site gazier.
Les primes à ces soldats ont d'ailleurs été suspendues pendant deux mois, apprend-on dans ce document. Dans un rapport ultérieur, la filiale de TotalEnergies évoque le sort de deux pêcheurs, battus par ces mêmes forces de sécurité, dont l'un à mort, en mars 2022.
Le groupe pétrolier français met en avant un « l'environnement sécuritaire dégradé »
Sollicitée, la communication de TotalEnergies met aujourd'hui en avant « l'environnement sécuritaire dégradé » de l'époque qui « donnait lieu à des risques accrus » d'abus, contre lesquels le groupe pétrolier français avait essayé de se prémunir par des formations des militaires, des incitations financières et un système de plaintes et d'investigations.
TotalEnergies a, depuis le rapport du diplomate Jean-Christophe Rufin en mars 2023, rompu son accord avec cette Joint Task Force.