Sénégal: La hantise d'un retour forcé au bercail après l'élection de Donald Trump

Des migrants sénégalais, en situation irrégulière aux Etats-Unis d'Amérique ont exprimé leur inquiétude au sujet d'une éventuelle application de la mesure d'expulsion des migrants illégaux promise par le nouveau président américain, Donald Trump.

Le 47e président des Etats Unis d'Amérique doit officiellement entrer en fonction le 20 janvier prochain, mais l'évocation de cette date suscite déjà l'inquiétude et peut sonner comme un compte à rebours pour bon nombre de migrants illégaux dans le pays de l'Oncle Sam.

D'autant qu'au plus fort de la campagne électorale pour la récente élection présidentielle, Donald Trump, a sans cesse répété son intention de mettre en oeuvre un "projet historique de déportation massive de migrants qui se sont introduits sur le sol américain par des voies non conventionnelles ».

Un telle mesure signifiant le retour au bercail provoque naturellement un sentiment d'inquiétude chez des Sénégalais en situation irrégulière aux Etats Unis d'Amérique.

"Aucun de ceux que je connais n'aurait souhaité son retour. C'est un homme (Donald Trump) qui, ouvertement, a exprimé ses intentions. Et son hostilité envers les migrants est un secret de polichinelle", a témoigné via un entretien avec l'APS sur les réseau sociaux Cheikh Ibra Sarr, un natif de Tivaouane (région de Thiès) établi à New York.

S'exprimant par le biais de ce même canal, Aliou Lo qui vit et travaille dans l'Etat du Minnesota, jure avoir un noeud dans la gorge. Il déclare s'être fait débouter une première fois de sa demande de permis de travail. Il dit en même temps ne pas placer beaucoup d'espoir pour sa seconde requête.

Loin de cet état d'effarement généré par des annonces et commentaires tous azimuts, d'autres compatriotes brandissent la carte de la foi et de la résilience.

"Les déportations de masse annoncées par le président Trump ne concerneront que les criminels, les fraudeurs, ceux qui n'ont pas encore procédé à une demande d'asile", croit savoir de son côté Alioune Badara Sarr, expatrié sénégalais résidant à Baltimore dans le Maryland.

"Nous n'avons certes pas attendu la délivrance de visa d'entrée pour fouler le sol américain mais nous apportons, par nos activités, une plus-value à l'économie de ce pays. Nous sommes respectueux des normes publiques et menons une vie saine sans turbulence", martèle-t-il sans pour autant redouter une éventuelle application de la mesure d'expulsion.

D'autres migrants tentent de leur côté de se convaincre de vivre sans angoisse apparente. A l'image d'Aliou Diop qui évoque l'effet amplificateur des réseaux sociaux au sujet de ce projet d'expulsion en masse de migrants illégaux des Etats-Unis d'Amérique.

"Je trouve que les Sénégalais versent un peu dans l'exagération. Ils sont d'ailleurs les plus nombreux à aborder ce sujet et à créer une peur inutile auprès des leurs", fait-il valoir. Le natif de Mboro affirme, sans doute fataliste : "Rien ne peut arriver en dehors de ce que Dieu a prévu pour nous".

"Personnellement, je ne me joins pas à cette terreur populaire. Ce pays est un pays de droit, tout est structuré et procédural. Lorsque je suis venu, avec l'appui de mon employeur, on m'a délivré un permis de travail et une sécurité sociale pour exercer une activité", rappelle pour sa part Khadim Bamba Guèye.

Le jeune homme originaire de Guédiawaye dans la banlieue de Dakar dit s'être engagé très tôt dans ces procédures pour pouvoir régulariser sa situation.

A Michigan, où il s'est réfugié pour sortir du viseur des autorités américaines qui ciblent souvent l'Etat de New York, il dit ne rien craindre pour le moment.

"Nous ne connaissons pas avec exactitude les termes de son projet de déportation mais espérons avec l'aide de Dieu que si nos demandes d'asile sont acceptées nous ne serons pas concernés", a-t-il fait savoir.

A la décharge du président Trump, Cheikh Ibra Sarr invite tout le monde à être honnête avec soi. "Le nouveau président américain veut juste protéger sa nation. Il aime son pays, force est de le lui reconnaitre", a-t-il dit.

C'est bien de vivre ici, "mais je n'ai pas peur de retourner au Sénégal. En fin de compte j'y retrouverai les miens. Simplement à partir d'ici, je pourrais contribuer à améliorer leurs conditions de vie", souligne-t-il.

Dans une publication sur son propre réseau social "TRUTH", le président Trump a récemment confirmé les dires d'un activiste conservateur selon lesquels des millions de migrants sans-papiers seront ramenés chez eux, ce avec l'aide de l'armée américaine.

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