Le comité de commémoration du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye remettra un livre blanc au gouvernement sénégalais, le 3 avril 2025, sur cette tragédie, a t-on appris de son président, le professeur Mamadou Diouf.
»Le 3 avril 2025, la commission devra remettre un livre blanc au gouvernement sénégalais. Ce livre blanc va faire le point", a t-il indiqué dans un entretien avec l'APS en prélude de la cérémonie de commémoration du 80e anniversaire du massacre de Tirailleurs sénégalais à Thiaroye.
Ce document va consigner le travail de la commission dont la mission est "l'établissement des faits et leur rétablissement" sur cette affaire dite du "Massacre des tirailleurs à Thiaroye" qui regroupe des soldats africains de l'Afrique Occidentale Française de retour de la 2e Guerre mondiale en Europe et qui ont été tués à Thiaroye, a t-il expliqué.
L'une des missions du comité est de travailler sur l'établissement des faits et le rétablissement des faits, à cause, en fait, des manipulations qu'il y a, et à cause de toute une série de débats entre historiens, mais aussi des débats entre les historiens et les autorités publiques, a souligné Mamadou Diouf.
Selon l'enseignant à Columbia university aux USA, ce travail va se poursuivre jusqu'en avril car il s'agit de faire le point sur la documentation existante. »Est-ce qu'on a eu tous les documents ? Est-ce qu'il y a des documents qui sont toujours dissimulés ? Certains historiens accusent la France de le faire délibérément. Est-ce qu'il y a d'autres documents qu'on va pouvoir rassembler ? Est-ce qu'il y a des témoignages qu'on pourra collecter sur tout ce travail ?, s'est -il interrogé.
La première phase, fait savoir le président du comité, est un travail d'identification de la documentation, les sources primaires, les archives, et les sources secondaires, les études qui existent.
»On va faire le point sur tout cela", a t-il, avant d'ajouter que la deuxième phase c'est d'impulser un travail de recherche et de production sur ce qui existe.
»Il s'agit d'identification de la documentation, la cartographie des lieux où la documentation est préservée et en fait, l'élaboration d'un programme, qui serait un programme de recherche, et qui permettrait effectivement de pouvoir faire des études et de copier, étant entendu que ce ne sera pas la fin du processus", a indiqué Mamadou Diouf.
Le professeur Diouf préconise l'écriture d'une histoire régionale plaidant ainsi pour l'organisation de programmes de recherche régionaux impulsé par l'Etat sénégalais et le département de la recherche et de l'enseignement supérieur.
Le comité va partager tout le travail rassemblé avec les autres pays qui ont eu des tirailleurs.
"L'idée est d'encourager ce qu'on a appelé, disons, l'histoire régionale. C'est-à-dire là aussi de sortir des limites, des territoires dont l'histoire est une histoire coloniale. Pour penser une histoire d'avant qui pourrait être la fondation d'une histoire d'arrivée", a expliqué l'universitaire sénégalais.
Faisant le point sur la mission du comité à quelques jours du 1er décembre, le président Mamadou Diouf a indiqué la première mission du comité est celle de la commémoration qui sera rythmée par des cérémonies officielles au cimetière de Thiaroye et au camp militaire du même quartier.
Il y a aussi la grande première de la pièce "Aube africaine" du Guinéen Keita Fodeba mise en scène par le Sénégalais Mamadou Seyba Traoré.
Il est aussi prévu la projection du film »Camp de Thiaroye » de Sembene Ousmane et Thierno Faty Sow et aussi des discussions avec des jeunes de Thiaroye.
"La commémoration est un acte pour rendre visible quelque chose qui est invisible. (...) C'est la recherche d'une histoire partagée par plusieurs pays pour impulser la solidarité et l'unité au niveau de la région, mais aussi au niveau de l'ensemble du continent", a souligné le président du comité.
»Est-ce que la France est conviée à cette commémoration ? ». Mamadou Diouf estime que c'est une question politique qu'il va falloir demander au gouvernement et à la présidence de la République.
Ce qui est sûr, selon lui, c'est que le comité travaille avec la France, car une mission des membres du comité est présentement envoyée en France pour discuter avec les autorités archivistiques françaises sur l'état de la documentation sur le massacre de ces Tirailleurs sénégalais le 1er décembre 1944.