Boualem Sansal a été placé sous mandat de dépôt en Algérie : c'est ce qu'a affirmé son avocat dans un communiqué partagé ce mercredi 27 novembre. L'écrivain franco-algérien, arrêté à Alger mi-novembre, a été entendu par le parquet antiterroriste. Côté algérien, ni la justice ni les autorités n'ont fait de commentaire.
« S'il doit y avoir enquête, celle-ci ne justifie nullement que soit prolongée la détention de Boualem Sansal », écrit dans un communiqué maître Zimeray, l'avocat de l'écrivain franco-algérien arrêté le samedi 16 novembre. Il précise que son client a été entendu par le parquet antiterroriste et qu'il est placé sous mandat de dépôt, en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui réprime les atteintes à la sureté de l'État.
Il n'y a eu aucune confirmation officielle en Algérie à ce stade sur cette audition, mais selon nos informations, la période légale de garde à vue se termine ce mercredi 27 novembre. « La privation de liberté d'un écrivain de 80 ans à raison de ses écrits est un acte grave », a observé l'avocat de l'écrivain, ajoutant : « Quelles que soient les blessures invoquées et les sensibilités heurtées, elles sont indissociables de l'idée même de liberté, chèrement conquise en Algérie ; il y a là une disproportion manifeste dont les auteurs n'ont vraisemblablement pas mesuré la portée. »
L'affaire résonne jusqu'à l'Assemblée française
Boualem Sansal, très critique du régime algérien, a été arrêté mi-novembre à son arrivée à l'aéroport d'Alger, ce qu'a confirmé l'agence de presse algérienne APS ce vendredi en mentionnant le « délire révisionniste » de l'écrivain. L'Agence a donné des indications précises sur ce qui est reproché à l'écrivain, accusé d'être « en plein délire révisionniste ». L'APS a ajouté « la France prend la défense d'un négationniste, qui remet en cause l'existence, l'indépendance, l'Histoire, la souveraineté et les frontières de l'Algérie ».
L'agence de presse fait référence à des déclarations faites par Sansal en octobre dernier à un média français sur ce qu'il a appelé l'appartenance d'une partie de l'ouest algérien au Maroc. Il avait notamment cité la ville d'Oran. Des déclarations qui ont provoqué la colère en Algérie.
L'affaire, qui fait grand bruit en France, a été évoquée à l'Assemblée nationale ce mardi : la ministre déléguée chargée desFrançais de l'étranger a été interrogée par un député d'extrême droite sur la possibilité de sanctionner des dirigeants algériens.
« À ce stade, je ne peux vous en dire davantage. La diplomatie a besoin de discrétion pour agir », a répondu Sophie Primas. « Les services de l'État sont pleinement mobilisés pour suivre la situation de notre compatriote et lui permettre de bénéficier de la protection consulaire prévue par le droit », avait encore souligné la ministre.