Sorti en 2022, « Debout », le film documentaire de Felana Rajaonarivelo fait sensation quasiment sur les cinq continents. Engagé et positif, le court-métrage raconte le quotidien de quatre femmes en situation de handicap. Un moyen pour la réalisatrice de célébrer la vie et une ode à la résilience parce que ces femmes sont fortes, elles apportent beaucoup à leur entourage et elles sont « Debout ».
Récemment primé, « Debout » fait son bout de chemin un peu partout dans le monde. De Madagascar aux États-unis, en passant par l'Afrique et L'Europe, le film est sélectionné ou en projection officielle dans de prestigieux festivals de film comme le Fiff Cotonou en février au Bénin, Viavy film festival à Madagascar, au Cinef à Kinshasa, à l'Émergence film au Togo, au Festilag Côte d'Ivoire....
Le projet naît de l'idée de sortir une série de photographies et un film documentaire qui aiderait les gens à mieux comprendre ce qu'est d'être dans la peau d'une femme en situation de handicap, comment est leur quotidien, quels sont les défis auxquels elles font face dans la vie de tous les jours. Elles sont avant tout femme, mère, personne de carrière et leur handicap ne vient qu'après. « Au fil de mes voyages et de ma carrière, j'ai vu beaucoup de stéréotypes et de barrières érigés entre les personnes en situation de handicap et les valides », relate Felana Rajaonarivelo lors d'une interview.
Femmes accomplies
« De manière générale, il y a un stéréotype tel que quand on est lourdement handicapée, on est forcément un poids pour la société et on est automatiquement inapte intellectuellement alors que c'est loin d'être le cas ». Une banalité contredite par le film. Par ailleurs, à travers leurs histoires, ces femmes ont démontré qu'on peut être lourdement handicapée des pieds et des mains et être bien dans sa peau et dans sa tête.
Il est tout à fait possible d'être une femme entrepreneure chevronnée comme Felana, ou d'avoir un métier très physique comme Nourina qui est chef. Pour Lahatra, n'avoir qu'un seul pied et faire partie d'une famille trop protectrice l'a amené à avoir la manie de tout apprendre à tout prix sans aller à l'école. Devenue coach en développement personnel et ayant sorti un livre, elle a également créé une ONG.
Marie Claire, quant à elle, est une mère célibataire qui habite à Tsihombe, au fin fond de Madagascar où même y vivre est déjà compliqué parce qu'il n'y a pas d'eau. Pourtant, elle arrive à subvenir aux besoins des siens. Dans le film, elle raconte : « c'est vrai que je suis une handicapée des pieds mais ce n'est pas un frein dans le sens où je peux subvenir financièrement aux besoins de ma famille. », cumulant deux travails : vendeuse ambulante et tricoteuse.
Engagement assumé
« Debout » prend un parti pris totalement assumé. Ce n'est pas forcément pour se battre pour la cause mais plutôt pour ouvrir le regard et pourquoi pas, peut-être un beau jour, permettre d'avoir une société plus bienveillante que celle d'aujourd'hui. « Le but n'est pas de changer le mindset des gens, de leur ouvrir les yeux et de leur faire voir qu'une personne en situation de handicap n'est pas une demeurée. Ce ne sont pas des sous-personnes ni des poids pour la société. Elles ont leurs forces et leurs faiblesses comme tout le monde et n'implorent pas la pitié. Tout ce qu'elles veulent c'est qu'on les respecte en tant que personne, en tant que citoyen », continue Felana Rajaonarivelo.
Le prix Kattu femme d'impact qu'elle a gagné, Felana Rajaonarivelo l'a dédié à sa mère pour rendre hommage à son dur labeur et son sacrifice, en poussant ses enfants à atteindre leurs rêves au détriment des siens. « Une valeur qu'elle m'a inculquée depuis petite, c'est que si on peut faire tâche d'huile et faire rayonner les personnes de notre entourage, les mettre en lumière ne nous éteindra pas et ne déteindra pas en mal sur nous ». En somme, le film engendre beaucoup d'émotions et rappelle ce besoin de bienveillance mutuelle et plus de reconnaissance pour les petites choses.