À Madagascar, une étude scientifique menée par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) révèle que les femmes sont nettement moins nombreuses que les hommes à posséder des terres. Réalisée auprès de 400 ménages dans la région de Boeny, au nord-ouest de la Grande-Île, celle-ci montre également que leurs droits restent insuffisamment protégés, même lorsqu'elles codétiennent des parcelles avec leurs conjoints.
Dans la région de Boeny, où plus de 90 % de la population vit de l'agriculture, la terre constitue une ressource économique vitale. Cependant, elle est répartie de manière inégale entre les genres. Les femmes héritent moins souvent que les hommes, ce qui limite leur accès à la propriété foncière.
Salohy Rafanomezantsoa, doctorante ayant participé à l'enquête du Cirad, illustre : « On a vu qu'à peu près 4 ménages sur 10 utilisent uniquement des parcelles du Monsieur. Et de l'autre côté, il n'y a que 9 % des couples qui vivent uniquement de la parcelle de Madame. Donc il y a moins d'hommes qui dépendent des parcelles de leurs femmes. »
Les certificats de propriété excluent souvent les femmes
Pour les ménages disposant de terres acquises conjointement par le couple, les certificats de propriété posent un autre problème. Ceux-ci mentionnent généralement le nom du mari uniquement, laissant les femmes sans reconnaissance légale. Cette situation les rend particulièrement vulnérables en cas de divorce ou de décès du conjoint.
« Il y a une grande majorité qui ne sait pas que les parcelles communes peuvent être enregistrées au nom du couple. Donc la priorité va à leurs maris, elles-mêmes s'effacent », explique la doctorante. « C'est plus compliqué pour les femmes de réclamer une part des biens communs lorsque leurs noms ne s'affichent pas sur les documents. En cas de veuvage aussi, si la femme ne réclame pas la parcelle, ça va revenir à la belle-famille ».
Pour Salohy Rafanomezantsoa, il faudrait mieux former les agents des guichets fonciers pour qu'ils conseillent les femmes sur leurs droits et garantir une protection de leur accès à la terre.