Depuis deux ans, les arbres qui abritent les chenilles en Centrafrique sont coupés de manière anarchique et provoque leur raréfaction sur les marchés. Face à ce danger qui pourrait entraîner leur disparition, les acteurs de l'environnement intensifient les campagnes de sensibilisation auprès des communautés locales et des sociétés forestières pour préserver les forêts et encourager le reboisement.
Avec notre correspondant à Bangui, Rolf Steve Domia-leu
Armés de machettes et quelques torches, une équipe de jeunes ramasseurs de chenilles poursuit un groupe de coupeurs clandestins de bois. Dans cette forêt dense et profonde, l'équipe entend de loin des bruits de machines et de machettes.
Crépin, l'un des ramasseurs, témoigne : « Parfois, en faisant le tour, nous croisons les exploitants illégaux qui coupent les arbres en désordre. Nous leur demandons de préserver ces arbres, surtout ceux qui produisent les chenilles, mais ils s'en foutent parce que nous ne sommes pas des autorités. Maintenant, la saison de chenilles ne dure qu'un mois au lieu de trois. »
Sur place, les coupeurs illégaux ont fui avant l'arrivée des ramasseurs, mais les dégâts sont visibles : environ deux hectares complètement déboisés.
Des conséquences sur les vendeuses et les consommateurs
À quelques pas de la zone déboisée, Christevie, une vendeuse de chenilles, partage ses difficultés :« Cette année, les chenilles sont apparues en retard et en quantité insuffisante. J'ai déjà parcouru une centaine de kilomètres, mais c'est une peine perdue. »
La rareté des chenilles a également un impact sur le panier des ménages. Miguel, un consommateur, déplore la flambée des prix : « Auparavant, nous achetions un tas de chenilles à 100 FCFA. Maintenant, le même tas coûte 500 FCFA. Si on ne fait pas attention, d'ici à cinq ans, il n'y aura plus de chenilles, et ce sera une grande perte. »
Une mobilisation pour sauver les chenilles
Selon les acteurs de l'environnement, la coupe abusive de bois est l'une des principales causes de la déforestation et de la disparition des chenilles.Guy-Julien Ndakouzou, coordonnateur de la Plateforme de la société civile pour la gestion durable des ressources naturelles, alerte.
En Centrafrique, nous subissons de plein fouet les effets des changements climatiques : inondations, chaleur, feux de brousse, exploitations minières. Tout cela contribue à aggraver la déforestation.
Rolf Steve Domia-leu Pour sauver la situation, l'Institut centrafricain de recherche agronomique (ICRA) a lancé un vaste projet de reboisement dans les zones dévastées.