Dakar — Des "dispositions spécifiques" prises pour sanctionner la violence et le harcèlement au travail seront introduites dans le code du travail sénégalais, a-t-on appris, mercredi, à Dakar, du ministre du Travail, de l'Emploi et des Relations avec les institutions, Yankhoba Diémé.
"Conformément à une instruction du chef de l'État", un "nouveau code du travail" est en train d'être élaboré, a dit M. Diémé, ajoutant que "des dispositions spécifiques contre la violence et le harcèlement au travail" vont y figurer.
"Nous en sommes à l'avant-projet" de code du travail, a-t-il précisé.
Le ministre du Travail, de l'Emploi et des Relations avec les institutions intervenait à une réunion consacrée aux résultats d'un projet recherche sur la violence et le harcèlement au travail, l'inégalité de rémunération entre les femmes et les hommes.
Des dispositions garantissant l"'égalité" entre les hommes et les femmes en matière de rémunération et de gestion des carrières seront également introduites dans le code du travail, selon Yankhoba Diémé.
Le projet de recherche sur la violence et le harcèlement au travail est une initiative de la France et de l'Organisation internationale du travail (OIT). Il concerne le Bénin, la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau et le Sénégal.
Ce projet est mis en oeuvre pour promouvoir la convention et la recommandation de l'OIT relatives à la violence et au harcèlement dans le monde du travail.
"À la lumière des tendances, des défis et des bonnes pratiques identifiées par des experts venus de divers horizons, nous avons des raisons de croire que nous y arriverons ensemble. Nous y parviendrons ensemble, décideurs politiques [et] partenaires sociaux", a assuré Yankhoba Diémé en parlant des modifications en cours du code du travail.
"Des phénomènes pernicieux, totalement incompatibles avec le travail décent"
M. Diémé dit espérer que la réunion à laquelle il participe va "déboucher sur des consensus forts et une feuille de route permettant d'arriver à un monde du travail plus juste, plus exempt de violence et de harcèlement".
"Dans la Stratégie nationale de développement Sénégal 2025-2029, qui fait du développement du capital humain l'un de ses piliers fondamentaux, la mise en place d'un système de protection sociale inclusif et accessible pour tous fait partie des objectifs poursuivis", a-t-il souligné.
"La violence et le harcèlement sont des phénomènes pernicieux, totalement incompatibles avec le travail décent", estime la représentante de l'OIT au Sénégal, Fatim Christiane Ndiaye.
Ces deux maux "portent atteinte à la dignité et à la sécurité de millions de personnes dans le monde", a signalé Mme Ndiaye.
"Ces fléaux concernent aussi bien les deux sexes. L'observation du phénomène a permis de constater qu'il touche plus fortement certains groupes de travailleurs, notamment les femmes", a-t-elle dit.
La représentante de l'OIT au Sénégal invite les gouvernements, y compris celui du Sénégal, à ratifier la convention numéro 190 de ladite organisation sur la violence et le harcèlement dans le monde du travail.
Cette convention a été adoptée par la majorité des États membres de l'Organisation internationale du travail, le 1er juin 2019.
"La convention 190 et la recommandation 206 reflètent la préoccupation des États à mettre fin à ce fléau qui ne saurait être pour nous une fatalité", a dit Fatim Christiane Ndiaye.