Confusion au lendemain des élections générales du 27 novembre 2024 en Namibie : avant même le moindre résultat partiel du scrutin le plus disputé depuis l'indépendance, la confusion régnait jeudi à la mi-journée à propos de la fermeture des bureaux de vote, dont les horaires ont été prolongés indéfiniment en raison d'interminables files.
Un vote largement perturbé qui dure jusqu'au petit matin en Namibie : les citoyens étaient en effet appelés aux urnes pour un scrutin présidentiel historique. À l'arrivée, des files d'attente de plus de 10 heures, en raison d'une très forte participation pour ces élections qualifiées de plus disputées jamais organisées dans ce pays, mais aussi à cause de dysfonctionnements.
D'abord il manquait des bulletins. En Namibie, chaque citoyen peut voter dans n'importe quel bureau de vote. Résultat : une affluence mal anticipée dans certains bureaux, à court de bulletins. Obligation donc d'aller en chercher dans les bureaux voisins, ce qui a interrompu le vote, et allongé l'attente.
Des images illustrent cette situation : des citoyens Namibiens alignés sur leurs chaises, toute la journée, au bord de la route, parapluie à la main pour se protéger du soleil, somnolent, parfois, le soir venu. Et pour cause : certains ont attendu 12 heures.
Du matériel électoral en surchauffe
S'ajoute à cela des tablettes qui surchauffent à cause du soleil écrasant. Tablettes pour contrôler l'identité de chaque votant et ainsi éviter toute irrégularité.
Beaucoup - partis politiques en lice compris - ont critiqué cette mauvaise organisation électorale. Ce qui a poussé la commission à s'engager mercredi soir à ce que « toute personne présente dans la queue avant la fermeture du bureau puisse voter ». Le scrutin s'est ainsi éternisé bien après 21h, heure officielle de fermetures des bureaux
Pour le principal parti d'opposition, les Patriotes indépendants, qui espère instaurer l'alternance politique après 30 ans de Swapo au pouvoir, ces dysfonctionnements traduisent une volonté délibérée de la commission, de « dissuader les électeurs de se rendre aux urnes ».
La South West Africa People's Organization (Swapo), au pouvoir depuis 30 ans, symbole de la lutte contre l'occupation de l'Afrique du Sud pendant l'Apartheid, est en danger et de plus en plus désapprouvé par la population, dans ce pays qui figure parmi les plus inégalitaires du monde. Il est possible que le résultat des élections aboutisse à un président de la Swapo et à un Parlement d'opposition, ou inversement, un président de l'opposition avec un parlement dominé par la Swapo. Tout dépendra du déroulement du vote et, en particulier, de la capacité de l'opposition à collaborer.
Jusqu'à présent, cela n'a pas vraiment été observé. L'enjeu le plus intéressant est de voir comment le nouvel acteur sur la scène politique, Panduleni Itula de l'IPC, va s'en sortir. Est-ce que des électeurs quitteront le Mouvement démocratique populaire ou le Mouvement populaire pour la terre pour se rallier à eux ? Il y a plus de 20 partis enregistrés auprès de la Commission électorale, mais tous ne participent pas activement aux élections. Cette fragmentation de l'opposition politique contribue à maintenir les espoirs du parti au pouvoir. Dans une certaine mesure, elle offre à la Swapo une plus grande opportunité de diviser pour mieux régner.